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À la sortie d'un bar, une jeune femme menace un inconnu puis retourne son revolver contre elle-même et se suicide, ça ne regarde pas la police. "Tout au plus un épisode confus. Sans danger pour les tiers." Mais Guyot, le journaliste, s'obstine. Il veut comprendre. Il consulte des archives. Il lit les cahiers de la victime. Il cherche. Il ne voit pas les signaux d'alarme. Parfois, il vaut mieux laisser tomber.
L'importance du passé est surestimée. Si les gens restaient tranquilles, tout irait mieux. Les voix se multiplient. Beaucoup de coups de fil. Entre les mots, du silence. Des menaces avérées. Des crimes. L'atmosphère est opaque, l'air raréfié. La mécanique de la violence est encore bien huilée ; les anciens maîtres du pouvoir policier des années 80 ont du mal à prendre leur retraite et veulent aussi parler de leurs sentiments.
Dans une prose concise et d'une densité extraordinaire, l'auteur de L'Autobus écrit un roman politique et métaphysique très noir, et montre les remous des âmes perverses et les alliances troubles des pouvoirs institués. Magnifique et glaçant.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Tout commence par le banal suicide d'une jeune fille, en pleine rue, en Argentine. Guyot est journaliste, il est rapidement dépêché pour relater ce fait divers. Mais, intrigué par cette mort, il décide d'en connaître davantage. Il questionne les policiers et ses supérieurs. Les réponses évasives, loin de le satisfaire, l'incitent plutôt à en savoir plus. Que s'est il passé pour que Julia Montenegro, cette jeune fille, à priori sans histoire, décide de se donner la mort? Guyot a perdu sa femme, sauvagement assassinée quelques années auparavant. Cette nouvelle disparition vibre en lui douloureusement. Il commence donc ses investigations en fouillant, fouinant dans la vie passée de cette femme. Les réponses qu'il obtient le conduisent à l'hémérothèque pour y consulter des journaux et des archives. Bizarrement, plus il avance, plus il sent des réticences venant des autorités. Il comprend vite que ses recherches ne plaisent pas. Des menaces, à peine voilées, pourraient le dissuader de continuer. Au contraire, il s'oblige à aller au bout, il est tenace, persévérant. Il n'est cependant jamais bon de vouloir réveiller les monstres endormis. De lugubres affaires datant de l'époque de la dictature ne tolèrent pas d'être mises à jour. Alors la réponse est expéditive quand il est question de faire taire des personnes trop gênantes. Avec "l'échange", Eugenia Almeida signe un livre oppressant où les infiltrations de la corruption continuent à causer des dommages. La peur et la mort rôdent en permanence, elles sévissent au fil des pages et rendent la lecture haletante.
Sylvie LAVAINE (CULTURE-CHRONIQUE.COM)