Biographie de Michèle M. Gharios
Naître à Beyrouth, c'est d'emblée panser sa vie. Un terreau vacillant sous les pieds de la jeunesse façonne des individus en quête de jouissance immédiate, de rires volés à l'instant, de plaisirs consuméristes. En même temps, la peur qui enferme développe l'imaginaire, la création, l'excellence intellectuelle. Écrire est un des exutoires salvateurs de cette geôle géographique, où le Liban sert depuis tant d'années de fusible au Monde arabe.
Michèle M. Gharios appartient à cette génération de la guerre débutée en 1975 et qui n'en finit pas. Sa réponse à cette fragilité du présent, c'est écrire, réifier la torpeur dans les mots ciselés du poème. Hormis son année de première passée en famille à Nice au Lycée Sasserno, elle fait ses études à Beyrouth où elle obtient une maîtrise en Gestion d'entreprise et management. Elle parle français, anglais et arabe (libanais) ; une polyglossie porteuse d'ouverture sur le monde.
Dans le contexte politique du Liban, sa décision est prise de consacrer du temps à ses trois enfants. Un destin de maman qui démultiplie la vie quand la violence fait rage alentour. Un destin tracé pour écrire et témoigner sur la condition des femmes dans le monde et particulièrement celles du Monde arabe. Une vie de mots contre les maux qui débute en poésie avec plusieurs recueils et s'émancipe dans un premier roman : L'odeur de Yasmine, puis un second : À l'aube de soi.
Si ses voyages en Europe (avec des lectures poétiques faites en France et en Belgique), aux États-Unis, au Canada et au Brésil lui permettent de goûter à la liberté de ses mouvements, son Liban natal l'aimante aux siens et plus encore au destin des jeunes générations auxquelles elle porte une attention particulière, les incitant à suivre aussi la voie des mots et s'arrimer à l'expérience irremplaçable de la lecture et celle, concomitante, d'écrire.
Passer par la littérature, de la jouissance au désir. La guerre est voleuse du désir. Michèle M. Gharios souhaite aux jeunes de le reconquérir dans le foisonnement et la force incompressibles de la littérature où la paix a droit de cité.