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Dans ce que le numérique change à notre façon d'écrire, le
paramètre du temps est essentiel. Mais ce n'est pas
nouveau : le temps a depuis toujours été matière essentielle
pour la prose comme pour la poésie, et cela culmine dans À la
Recherche du temps perdu.
Et si nous n'avions plus, pour dire, que cet espace restreint de
l'écran ? Et si nous n'avions plus, pour imposer ce qui nous
amène à la littérature par réflexion, imagination, écart, que ce
mouvement rapide de balayage généralisé qui semble être la loi sur
Internet ?
Il se trouve, depuis les haïku japonais et leur rigide
contrainte formelle, jusqu'à des écritures tenues en condition de
survie (Daniil Harms (Lien -> http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article16)), que ces
contraintes du bref peuvent cependant devenir et littérature
universelle.
La lecture sur téléphone portable, les expériences de réseau etmicro-blogging sur des supports comme twitter.com
peuvent-elles supporter ce que nous assignons à la
littérature ?
Et s'il fallait plutôt se poser la question à l'envers :
puisque notre expérience du monde, en termes d'information, de
curiosité, de savoir, mais aussi de pratiques esthétiques, nous ont
positionnés dans ce moment du monde, comment mettre cette question
en travail, l'expérimenter pour nous-mêmes ?
Faire le projet de s'expédier à soi-même, chaque jour, un« SMS » en 100 caractères (espaces compris), qu'est-ce
que cela change (on se souvient du beau titre de la revue de
Jean-Pierre Faye) à ma langue, qu'est-ce que cela déplace de mon
rapport au monde ?
C'est en tout cas l'expérience qu'a faite, pour cette
publication, Béatrice Rilos.
Après son passage aux Beaux-Arts de Paris, où elle a travaillé
avec Christian Boltanski, elle a publié un premier livre, Enfin.
on
fera silence au Seuil dans la collection Déplacements, et
vient de publier le second, Is this love, au éditions Le mot et
le reste.
Le mot et le reste est un éditeur qui privilégie la
relation de la littérature à la musique. Dans Is this love,
Béatrice Rilos se saisit de deux figures emblématiques apparemment
opposées, sauf justement leur statut de mythe, et ce qui s'y
incarne d'une identité antillaise : Bob Marley et Fidel
Castro.
Et puis, dans cette tension qui les oppose, qu'est-ce se
joue, précisément à 2 générations de distance, de cette identité,
et, encore plus particulièrement, du statut de la femme ?
Béatrice Rilos l'appréhende depuis son territoire, elle est néeà Paris. La ville et le corps, on le verra dans 100
caractères sont les deux « tenseurs » d'une écriture
souvent violente, qui travaille dans un processus d'arrachement, où
résonne alors forte charge onirique.
Nous tenions à associer ici les deux démarches, le livre Is
this love (l'éditeur est présent au Salon du livre), et
l'exploration numérique 100 caractères (espaces compris),
comme parfaitement symbolique du travail contemporain, de ses
enjeux au présent.
Enfin.
On fera silence (Lien -> http://www.editionsduseuil.fr/), Seuil , collection
Déplacements
2008 Coeur mis à
nu, Publie.net, Zone risque, avec une préface de Christian
Boltanski.
2009 Is this love (Lien -> http://atheles.org/lemotetlereste/ecrits/index.html), Le Mot et le Reste,
collection Écrits
l'auteur
Née en 1979 à Paris.
2002 Maîtrise : arts plastiques, Paris VIII
2007 Diplômée de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de
Paris