On allait sans doute un peu vite en besogne quand on croyait, au siècle des lumières, avoir réglé leur compte aux pouvoirs spirituels incarnés par la religion. Or, les niveaux de croyance ne semblent pas interférer avec les progrès de la science et l'équation, plus il y a de science, moins il y a de religion, est à revoir. L'ouvrage de D. Alexander, Professeur à Cambridge, jette même une lumière nouvelle sur l'histoire de ce conflit et ses avatars dont le procès de Galilée est le paradigme. D'après l'auteur, il ne serait plus nécessaire d'opposer Science et Foi, il serait même urgent de les réconcilier. Résumer le contenu de cinq cents pages embrassant toute l'histoire de la pensée, la première apparition de ce que l'on appelle aujourd'hui la science, suivie plus tard par l'entrée en scène des scientifiques, est tâche impossible et on y perdrait la subtilité et l'humour propres à un scientifique anglais reconnu qui s'agace des excès du tout scientifique et pour tout dire, du scientisme. Suivant les époques, les clefs de l'avenir de l'humanité ont cru être détenues par les théologiens, les poètes, les philosophes, peut-être aujourd'hui par les scientifiques. Mais ces derniers peinent à affirmer et à justifier le credo de leur magistère intellectuel "laïque" et à trouver leur place au sein du pouvoir spirituel, toujours en quête de valeurs. La science, comme l'a affirmé Carl Popper, n'a pas à émettre d'affirmations en matière de questions ultimes mais "il ne faudrait pas profiter du fait que la science ne peut fournir aucun jugement sur les principes éthiques pour affirmer que ceux-ci n'existent pas". Bref, en ce début de siècle et pour affirmer ces valeurs, on s'aperçoit que les scientifiques ne peuvent avoir le dernier mot et que les "intellectuels" qui ont pris le relais, sont engagés le plus souvent dans des expériences subjectives ou trop systématiques qui leur confèrent des postures de théologiens sans les références nécessaires. L'hypothèse et le raisonnement de l'auteur tendent à montrer que autorité, morale et valeurs humaines, loin d'être des produits dérivés de la science, sont fondées sur les croyances et les religions et qu'une matrice science-religion est à reconstruire. En ce sens, la foi n'est pas un handicap pour établir le pouvoir spirituel susceptible de gouverner et d'organiser nos sociétés.