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Très tôt, Flaubert aspire à représenter l'Antiquité. L'écrivain évoluera de l'enthousiasme romantique pour un passé oriental, qui hante ses premiers écrits, à la construction magistrale de Salammbô ou Hérodias, par un itinéraire long et à plusieurs voies, véritable voyage-passion en terrain antique, que l'auteur du présent volume se propose d'étudier. Si Flaubert repousse d'abord l'Antiquité morale et rhétorique que lui fournit le collège, il y revient vite, fasciné par le pouvoir des langues mortes.
Il se construit un modèle antique, personnel et romantique, littéraire et historique, dont les "colosses" s'appellent Alexandre, Homère, Hérodote, Tacite, Pétrone, Apulée et surtout Néron. Ce "mirage", qui mêle barbarie et mysticisme, envahit les textes. Longtemps impossible à écrire, il devient tentation récurrente. Dans le présent antique du voyage en Orient, Flaubert en atteint, par " frissons historiques ", la réalité palpable.
La bataille de la " résurrection " se fera cependant par la synthèse de l'Art, au-delà du rêve, du fantastique, de la documentation et du réel immédiat. Esquissée dans La Tentation de saint Antoine, avec la magie d'un spectacle défilant, l'Histoire se déploie, dans le roman, par amplification autour d'" un point fixe ". Ce sommet de la représentation devient alors celui de toute l'oeuvre. En romantique du réel, Flaubert, vrai Pétrone des Temps modernes, projette, sur l'écriture du présent, l'ombre d'une Antiquité décadente devenue autant un prisme signifiant qu'une " affaire de style ".