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Dans notre société de plus en plus mobile, souvent dite "en réseaux", il peut paraître surprenant de voir le mot territoire supplanter celui d'espace pour désigner l'étendue qui nous entoure. Parallèlement, en géographie, le concept de territorialité est devenu générique pour parler de notre rapport à l'espace, comme si notre spatialité n'était que continuité, contiguïté, frontière, appropriation et identité.
Cet essai propose une clarification qui vise à rendre à la spatialité son caractère englobant et à considérer la territorialité comme un de ses registres. Cela permet d'utiliser le concept de réticularité pour désigner un registre plus électif, fondé sur des proximités plus topologiques que topographiques, qui donne accès aux dynamiques spatiales des temps de vie qui accompagnent notre mobilité. Cette construction redonne également tout son sens à la territorialité en la limitant aux moments où la spatialité se joue dans la surface.
Cette clarification est importante car le terme territoire est très ancré dans le discours des acteurs politiques locaux dont l'action s'affiche comme territoriale, en décalage avec une société de plus en plus réticulée. Ce texte est l'occasion d'analyser les difficultés qu'éprouvent ces acteurs à intégrer les réticularités et donc à penser le monde autrement qu'à travers le prisme d'un territoire continu et sans enclave.
Une des hypothèses avancées renvoie à la ritournelle de Deleuze et Guattari : dans un monde incertain, en perte de repères, le récit territorial rassure et ré-assure. Il faut aussi considérer que les géographes ont une responsabilité dans l'écriture des fictions territoriales et qu'il est peut-être temps de proposer une lecture plus complexe de la spatialité.