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La Banque mondiale change. Du moins, ce qu'elle écrit change. Après avoir œuvré comme l'un des hauts lieux mondiaux de la propagation d'une idéologie libérale où l'analyse économique suffisait à expliquer le monde et où le salut des pays pauvres ne pouvait passer que par le renforcement des forces du marché, le ton semble désormais différent. On en avait eu un écho l'an dernier lorsqu'un rapport consacré à la croissance durant la décennie 1990 contestait les vertus supposées de la libéralisation commerciale et financière pour les pays en développement.
Jean Coussy montre ici que le rapport de l'an dernier n'était pas une anomalie. L'institution tend désormais à reconnaître, un peu, que les conditions politiques et sociales d'un pays ont autant d'importance pour son développement que sa situation économique. Pour autant, la Banque mondiale n'a pas encore réalisé sa révolution copernicienne. Elle reste loin, avec le FMI, de saisir la complexité des relations existantes entre les institutions d'un pays et son développement.
Surtout, sur le plan des politiques concrètes demandées aux pays du Sud, ses représentants sur le terrain en restent le plus souvent à la vieille approche de l'ajustement structurel classique. La Banque mondiale est donc désormais confrontée à trois avenirs possibles. Soit son ouverture n'est qu'un effet de mode, soit elle devient le lieu d'une bataille rangée entre sa partie la plus innovante et l'inertie de ses vieilles équipes, soit elle devient progressivement l'un des lieux de formation d'un nouveau consensus idéologique, source de nouvelles politiques.
Que cette dernière voie appartienne désormais au champ des possibles est un premier signe positif. Ch. Ch.