Contrairement à ce qui se passe habituellement chez Stephen King, on entre tout de suite dans l'histoire de ce dôme, brusquement abattu sur la petite ville de Chester's Mill, comme une cloche sur un plat à garder au chaud. Très rapidement, les ingrédients s’emboîtent et s'entremêlent, l'émulsion prend de la consistance, mais ce n'est pas une mayonnaise que l'on s’apprête à déguster, ou alors une mayonnaise bien amère. Car Stephen King est maître dans l'art de nous propulser dans des situations dont on sait d'emblée qu'elles vont dégénérer de la plus vilaine des manières.
Chester's
Mill est une petite ville américaine, dont les habitants n'ont d'autre ambition que celle de vivre heureux et en paix. Pas tous, pourtant, comme on le découvre bien vite. Big Jim Rennie est une ordure ; c'est aussi un chef d'orchestre extrêmement habile qui manipule ses concitoyens tout en s'auto-persuadant qu'il fait ce qu'il fait pour la ville. Comme toujours chez King, l'aspect psychologique des choses est d'une importance capitale, et tout l'intérêt de ce premier tome réside en cela : voir comment évolue la mentalité de gens sous pression, dans une petite ville en huis clos. Certains sont réellement capables de tout... Si, dans la plupart des livres, on aime souvent détester les méchants, dans Dôme on les déteste vraiment !
Ici, ou en tous cas dans cette première partie, la dimension fantastique chère à l'auteur est secondaire. Certes, on ne sait pas d'où sort ce dôme, ni même de quelle matière exacte il est constitué, mais cela n'a au final pas grand importance, car sa simple présence suffit à instaurer le pire ! A aucun moment la pression ne se relâche, elle monte, elle monte... jusqu'à atteindre son paroxysme et nous laisser en plan à la fin du tome. King signe ici sa plus grande histoire depuis bien longtemps, un véritable coup de coeur, en ce qui me concerne.
En revanche, carton rouge à l'éditeur : Albin Michel qui, non content d'avoir scindé en deux volumes vendus à prix fort ce qui n'était à la base qu'un seul et même ouvrage, nous propose ici une édition truffée de fautes d'orthographe niveau CE1, doublée d'un support qui part en lambeaux dès la première lecture, alors que je suis du genre à prendre grand soin de mes livres, essentiellement mes Stephen King. Lamentable, tout simplement !
Pour finir, un grand merci à Imag'In pour l'organisation de cette lecture commune, et à tous les Imag'In à tifs avec lesquels je l'ai partagée ! Rendez-vous en octobre pour la suivante...
Humains en observation...
Une petite ville américaine, coupée du monde par une barrière invisible, livrée à elle-même...
Plus qu’un roman fantastique, Stephen King nous livre une véritable critique de l’Amérique profonde et distille la peur à partir des actes des habitants de Chester Mill.
Encore une fois, il prouve que les monstres les plus effrayants ne viennent pas d’ailleurs mais sont bien ancrés en nous.
Un excellent roman pour découvrir ou redécouvrir l’auteur.