En cours de chargement...
Quand on est «pris» par un sport, qu'on s'y adonne, on se donne à fond. Ce rapport entre sport et don (comme entre jeu et don dans le précédent numéro du MAUSS) parle immédiatement, mais comment le penser ? Le sport est porteur de valeurs de don, de désintéressement et d'adonnement, mais aussi de performance, de compétition, de rationalisme techno-scientifique. Vecteur d'équilibre, de mesure, de santé et d'amitié, il l'est tout autant d'excès.
Excès d'engagement, excès des salaires versés aux stars, excès de dopage et d'intérêts financiers, excès de bavardages médiatiques. Pour analyser ces tensions ce numéro (co-construit avec les acteurs de l'Agence pour l'éducation par le sport, qui coordonne des centaines d'associations) entend penser le sport dans son rapport au don, tel qu'analysé par Marcel Mauss et le MAUSS. Comme un engagement qui confère en principe le primat à l'intérêt pour autrui (à l'amitié) sur l'intérêt pour soi, et à la liberté-créativité, au beau geste, sur l'obligation.
Mais, comme le don mal dosé, ce rapport peut s'inverser en son contraire. C'est sous cet éclairage anthropologique que sont développées plus particulièrement les questions suivantes : - Quelle est la part du jeu dans le sport ? Comment le sport est-il né du jeu ? Et quelles modalités du jeu subsistent dans le sport ? - Que subsiste-t-il du fair play dans un sport contemporain rongé par le professionnalisme, l'argent, le dopage et, parfois, la tricherie organisée ? Faut-il lutter contre ces évolutions, ou est-ce un combat perdu d'avance ? Et si oui, comment ? - Dans une société en voie de mondialisation dans laquelle les repères moraux, religieux ou civiques traditionnels se brouillent, le sport, l'éducation par le sport ne restent-ils pas les meilleurs et les plus sûrs ferments d'une éducation morale réussie, parce que le sport est une école de réciprocité, une formation à l'obligation de donner, recevoir et rendre dans laquelle M.
Mauss voyait «le roc de la morale éternelle» ? - Comment, plus généralement, faire du sport le vecteur d'un triomphe de l'esprit du don à l'échelle mondiale, autrement dit du convivialisme ?