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On l'a affublé de tant de masques contradictoires : le mystique et le révolté, le sauvage et le savant... Persistons, nous autres, à ne voir à Rimbaud, au poete Rimbaud, que le visage d'un enfant. Et plutôt que de l'entrainer — de le noyer — dans les marécages du cerveau, laissons-lui l'humble flache du coeur, celle où Un enfant accroupi plein de tristesses lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai.
L'enfant certes de Ma bohème, et de Larme, et de Honte, l'enfant en deuil qui regarde a les merveilleuses images "l'enfant" compris des coqs de clochers de partout ". S'il existe une clé à l'énigme d'être au monde, lui seul la détient, et lui seul en a l'usage, à condition de s'en tenir à cet âge sans avenir, à son innombrable mesure. Pourquoi parler, avec Claudel, d'un "enfant trop grand a et" mal décidé à l'homme " ? Au moment du terrible "départ" qu'annoncent les Illuminations, on voit deux êtres essentiellement différents se séparer : celui qui part a les yeux secs et tranche dans le vif ; celui qui reste aura l'éternité des larmes, — entendez de leur bonheur.
Mettre des notes sur du Rimbaud ? Je ne l'ai pas fait sans scrupules. Les mots de Rimbaud supportent mal tout ce qui les enveloppe et les développe ; preuve en sont les errements de ses musiciens, qu'ils utilisent la chansonnette ou l'arcane sériel. Et j'ai dû, dans le polyptyque d'Enfance, me résoudre à ne retenir que deux panneaux sur cinq ; les autres résistent au chant, — et peut-être même à la récitation.
Voilà un enfant de plus dans ma musique, avec Poil de carotte, avec celui des Poésies de Schehadé, tapi " derrière les roses ", avec celui de Mauvais Creur, à jamais douloureux d'un souvenir d'enfance, et tant d'autres. Qu'ai-je à faire avec eux ? Je redis que j'ai eu une enfance heureuse. Mais quoi, elle est à des années-lumière ; et comme écrit le poète, " ce ne peut être que la fin du monde, en avançant ".