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Marianne et le garçon noir veut apporter une parole de l'intérieur sur l'expérience des noirs de sexe masculin dans la France de notre temps, en particulier sur le sol hexagonal. Plus largement, c'est sur la présence noire que se penche l'ouvrage, afin d'en explorer les particularités dans l'espace français. Les contributions sont de divers ordres, mais elles prennent appui, pour l'essentiel, sur le vécu des auteurs.
Le projet est né à la suite de violences policières impliquant des jeunes hommes noirs. A partir du regard posé sur le corps, des fantasmes suscités par lui ou d'autres éléments, l'objectif est de rendre audible une parole sensible et politique, parfois inattendue, tant les représentations transmises depuis des générations sont réductrices. L'influence de Marianne se déployant au-delà de ses frontières déjà complexes - la France étant un grand archipel - il m'a semblé pertinent d'associer à cette prise de parole une voix subsaharienne.
En effet, le garçon noir qui cherche à arracher sa souveraineté aux rets de l'entreprise criminelle connue sous le nom de Françafrique est, lui aussi, concerné. De plus, dans l'environnement mondialisé où les réseaux sociaux abolissent frontières et distances, le sort des Noirs en France ne laisse pas indifférent en Afrique subsaharienne.
Un livre exigeant, à lire lentement pour s’imprégner des voix que l’on n’entend pas
Les décès d’Adama Traoré, Amadou Koumé et Lamine Dieng, de jeunes garçons Noirs morts lors leur interpellation par les forces de police, servent de point de départ. Les sept écrivains réunis par Leonora Miano sont artistes, chercheurs, militants… Leurs paroles théorisent la condition des hommes Noirs en France, vue de l’intérieur. Elles mettent en lumière les violents sentiments d’injustice engendrés par les brutalités policières, l'invisibilité, la négation et la violence raciste.
Un livre exigeant, à lire lentement pour s’imprégner des voix que l’on n’entend pas, que l’on n’écoute pas.