En cours de chargement...
La vache des orphelins (Tafunast [n] lgujilen) est sans aucun doute le conte le plus connu chez les Kabyles. L'auteur en a recensé treize versions, assez semblables. Une mère, avant de mourir, lègue une vache à ses enfants afin qu'ils ne meurent pas de faim après son décès. Mais les orphelins doivent faire face à la jalousie de leur marâtre, qui réussit à convaincre leur père de se débarrasser de la vache, entraînant de nombreuses péripéties - suivies d'un dénouement heureux.
L'auteur introduit ce conte par une analyse pointue, entre psychologie et philosophie, développant les thèmes abordés dans ce texte, comme celui de la prise de décision qui est souvent du ressort des femmes et des jeunes filles ; la marâtre "ogresse" qui n'est devenue sauvage qu'à cause du comportement inhumain des hommes ; les rapports entre le temps et le moment de la rencontre ; une critique sociale faite aux hommes qui se dépêchent de se remarier sitôt leur femme décédée ; leur manque de lucidité pour choisir de nouveau une femme digne de ce nom ; et l'importance de l'ouverture vers l'autre, l'inconnu, l'étranger, pour aboutir à une société "civilisée".
La langue kabyle - notamment à travers le mythe et le conte qui s'appuient souvent sur la poésie - comporte, comme toutes les langues premières, une philosophie implicite. Or, aujourd'hui, les parents ne racontent plus de contes à leurs enfants, alors que ceux-ci sont l'une des clés essentielles pour l'éducation, dans une société qui se veut capable de donner un avenir rayonnant à son peuple...