L'année où j'ai appris à mentir

La combe aux loups est une petite merveille, de celle que l'on aborde avec certitude, mais qui au fil des pages gagne en puissance et en générosité. Dans une Amérique rurale qui échappe mal aux préjugés, il est difficile de garder clairvoyance et honnêteté en ces années de guerre où tout le monde se méfie de tout le monde. C'est pourtant la ligne de conduite que va adopter Annabelle, fillette réfléchie, profonde et follement attachante. Avec confiance et lucidité, elle va affronter la malveillance et l'injustice et lutter de toutes ses forces pour faire triompher l'innocence, et l'on se prend à espérer jusqu'au bout un dénouement heureux... Les personnages de ce roman sont d'une authenticité prodigieuse. (Toby est bouleversant de souffrance intérieure). L'épaisseur psychologique de chacun, bon, mauvais mystérieux où insignifiant donne à l'histoire tout son sens et le style d'une grande simplicité mais qui fait chanter les mots avec poésie la rend d'une beauté saisissante.

Annabelle n'a pas encore 12 ans et pourtant son rôle de grande sœur, l'époque difficile dans laquelle elle grandit et sa force de caractère font d'elle une jeune fille d'une grande maturité. Révoltée face à l'acharnement dont peut faire preuve tout un village envers une seule personne, elle luttera sans répit contre cette injustice. Bienvenue dans une Amérique où la guerre a tant marqué les esprits que le pacifisme a laissé place à la méfiance et à la brutalité... Un roman dur certes, mais nécessaire et plein d'espoir.

Normalement, ce genre d'histoire n'est pas mon truc. Et pourtant, à partir du moment où j'ai lu la première page, je n'ai plus réussi à poser le livre ! On lit parce que le style est agréable et parce qu'on veut absolument savoir si Betty va avoir ce qu'elle mérite. Plus on avance dans les pages, plus on s'enfonce dans l'épaisseur de l'intrigue. On est empêtré jusqu'au cou. On se demande si on va s'en sortir. Et puis, soudain, c'est la dernière page. La combe aux loups est un livre qui se vit.