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XXe siècle
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algérie
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Younes
L’Algérie des années 1930 vit les prémisses de l’indépendance. Le mouvement nationaliste nait, des consciences s’éveillent. Younes, le narrateur, a grandi dans un bidonville près d’Oran, dans la misère absolue. D’emblée, on imagine une prise de position sociale, politique, humaine : l’homme indéfectiblement mêlé à la naissance de son pays – comme l’Indien Saleem Sinai dans Les Enfants de minuit de Salman Rushdie – pourrait raconter une époque révolue à travers le prisme de son intimité. Or, si le premier tiers du roman évolue dans ce sens, la suite est toute
autre. Younes est confié à son oncle, un riche pharmacien marié à une Française. Il devient Jonas ; il habite le quartier aisé des colons ; il s’arrache à la pauvreté de ses origines. Identité brouillée et compagnie faussée, le garçon se déchire entre deux univers qui ne cohabiteront plus que pour quelques années.
Les réalités sociales et matérielles sont alors occultées au profit de considérations radicalement différentes. Alors qu’il découvre les rapports sexuels avec Mme Cazenave, une femme plus âgée et respectée au village, Jonas se lie d’amitié avec une bande de jeunes colons, interchangeables et insipides, et s’enferme dans une passion impossible : amoureux d’Émilie, la fille de Mme Cazenave, il s’isole, s’enlise dans un quotidien aussi ennuyeux pour lui que pour nous.
La banalité est affligeante, les querelles amoureuses et les trahisons entre camarades n’ont plus de fin ; le livre non plus. L’intrigue, qui n’avait pas vraiment démarré, s’affaisse lors de la conquête de l’indépendance en 1962 et peine à s’achever. L’homme ne saisit jamais son bonheur ; il laisse filer la femme qu’il aime, le pays qu’il dénigre pour d’insignifiantes disputes, et le lecteur qu’il lasse.
Au final l’Algérie, profondément marquée par son histoire toujours fascinante et pourtant cruelle, n’est pas au cœur de ce roman ; transposable à l’infini, Younes (Jonas !) aurait pu vivre en France avec sa bande d’amis et son amour inaccessible.
Si l’histoire manque de l’aura algérienne, le style est tout aussi décevant. Yasmina Khadra a privilégié la narration au détriment de l’action. Pour preuve, le récit de la torture a été résumé ainsi : « Je persistai à nier en bloc. Les interrogatoires s’enchaînèrent, les uns piégés, les autres musclés. Krimo attendait la nuit pour revenir à la charge et me torturer. Je tins bon1. » À coup sûr la torture, qui a particulièrement marqué les esprits à propos de la guerre d’Algérie, aurait gagné en intensité avec l’évocation de circonstances précises sur l’état psychologique du personnage, sans forcément tomber dans l’excès de détails sordides.
Enfin, l’usage abusif de l’imparfait et des expressions toutes faites – dont voici l’exemple le plus remarquable : « Ses yeux brillaient de mille feux. Il était aux anges2. » –, écrasent l’événement et lui enlèvent sentiment, surprise et saveur.
Magnifique du Grand Yasmina Khadra
Une plume mythique d'une grande élégance detaché de sa part d'ombre, mais toujours aussi efficace dans sa représentation de l'humanité. Le romantisme du livre adoucit la terreur mais ne l’élimine pas entièrement.Un beau compromis entre rêve et réalité, entre le jour et la nuit.