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Il y a une énigme Weegee. La carrière du photographe nord-américain semble être scindée en deux. Tout d'abord, les faits divers qu'il photographie pour la presse new-yorkaise entre 1935 et 1947. Ensuite, les photo-caricatures de personnalités publiques qu'il développe durant sa période hollywoodienne, entre 1948 et 1951, et poursuit jusqu'à la fin de sa vie. Comment ces deux corpus, diamétralement opposés, peuvent-ils coexister au sein d'une même oeuvre photographique ? Les exégètes se sont plu à renforcer le contraste entre ces deux époques, à encenser la première et à détester la seconde.
Le présent projet a pour ambition de réconcilier les deux Weegee en montrant qu'au-delà des différences de forme, la démarche du photographe repose sur une réelle cohérence critique. La question du spectacle est omniprésente dans Pauvre de Weegee. Dans la première partie de sa carrière, qui correspond historiquement à l'essor de la presse tabloïde, il participe activement à la transformation du fait divers en spectacle ; pour le montrer, il inclut souvent des spectateurs ou d'autres photographes au premier plan de ses images.
Dans la seconde période, il se moque du spectaculaire hollywoodien : ses gloires éphémères, les foules qui les adulent et les mondanités qui les entourent. Quelques années avant l'Internationale situationniste, Weegee offre à travers ses photographies une critique incisive de la société du spectacle.