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Dans une rue de Buenos Aires, une feuille se détache d'un arbre. Au fil de sa chute nous sont révélés des instantanés de la vie des habitants des immeubles devant lesquels, au gré des vents, la pousse sa déambulation. Ailleurs dans la ville, rue du 14-Juillet, dans un quartier autrefois industriel qui abritait des travailleurs anarchistes dont il ne reste rien - ni usines, ni ouvriers, ni idéologies-, où seul plane le fantôme de la modernité, de l'égalité et de la liberté qui le hante encore, trois chiens errent dans un jardin.
Leur maître les observe tandis qu'ils creusent la terre, et la mémoire. Ces deux romans provocateurs, fous et pourtant extrêmement lucides, révolutionnaires par leur langue et leur ambition, viennent composer le portrait multiforme de notre époque, nous incitent à réfléchir sur nos illusions, nos peurs, la marchandisation globale, jusqu'à nos désirs, jusqu'au concept même de désir.
L'histoire de ce qui n'a pas d'histoire
Peut-on voir le monde à travers le regard d'une feuille que le vent emporte, et qui tombe, et tombe encore, ou de celui d'un chien creusant la terre dans le jardin d'une maison ?
Des histoires banales, des faits triviaux peuvent-ils fonder une histoire ?
Bien sûr que oui, et voilà que la machine de la digression corrosive se met en route : ces deux romans, tout en posant la question sur les possibilités mêmes d'un récit sans tomber dans le déjà-dit, nous proposent, d'un regard désenchanté, un portrait tout en nuances – et douloureux – de notre époque.
Deux textes certes exigeants, mais qui offrent à celles et ceux qui y pénètrent, qui se laissent porter telle une feuille par le vent, un vrai plaisir. Le plaisir du texte.