En cours de chargement...
« On compte environ 200 états souverains. On vit à peu près 30000 jours. Si l'on considère l'existence sous un angle mathématico-géographique, on devrait passer 150 jours dans chaque pays. Il faut se rendre à l'évidence. Je dois aller dans tous les pays du monde. Je ne trouverai pas le repos dans l'immobilité. Untel veut devenir une star, un autre posséder un yacht ou coucher avec des sours jumelles.
Je veux juste aller à Lusaka. Et à Thimbu. Et à Valparaiso. Certains veulent faire de leur vie une ouvre d'art, je compte en faire un long voyage. Je n'ai pas l'intention de me proclamer explorateur. Je ne veux ni conquérir les sommets vertigineux ni braver les déserts infernaux. Je ne suis pas aussi exigeant. Touriste, ça me suffit. Le touriste traverse la vie, curieux et détendu, avec le soleil en prime.
Il prend le temps d'être futile. De s'adonner à des activités non productives mais enrichissantes. Le monde est sa maison. Chaque ville, une victoire. Le touriste inspire le dédain, j'en suis bien conscient. Ce serait un être mou, au dilettantisme disgracieux. C'est un cliché qui résulte d'une honte de soi, car on est toujours le touriste de quelqu'un. »Obsédé par les cartes, le narrateur décide de visiter tous les pays du globe.
Des favelas colombiennes aux hôtels clubs tunisiens, en passant par les karaokés du Yang-tsé-Kiang, les villages oubliés du Mozambique, les vagues polynésiennes, les plateaux de Bollywood, le tumulte du Proche-Orient et même par la Suisse, ce promeneur globalisé nous guide à travers l'inépuisable diversité des mondes.
Voyagez !
Le narrateur a ce qu’il appelle des « pathologies géographiques » ! Depuis son enfance, il adore les atlas, dort avec un globe terrestre gonflable là où d’autres câlinent des ours, rêve sur les noms comme Ouzbékistan ou Tananarive. C’est dire que son premier passeport, obtenu dès ses dix-huit ans, est pour lui le sésame le plus précieux qui soit. Visiter chacun des deux cent et quelques pays du monde est son but, il est touriste, c’est son objectif, sa vie, sa destinée !
Il commence par Hull, en Angleterre, ville qui sent le poisson, c’est ce que j’en ai retenu. A chaque étape, du moins dans ses jeunes années, il se loge comme il peut chez des amis d’amis ou de vagues connaissances. C’est un peu une version non télévisuelle de « J’irai dormir chez vous » ! C’est en effet la rencontre des habitants qu’il privilégie par rapport à la découverte des sites et des monuments, bien que parfois les deux soient liés.
Son regard aiguisé et son sens de la formule m’ont ravis et j’ai adoré suivre le narrateur, qui semble être un double de l’auteur, dans des endroits où je ne suis pas du tout certaine d’aller un jour : la Colombie « Comme la plupart des grandes villes sud-américaines, Bogotá hurle ses inégalités et sent la pisse. » l’Inde : « Dès l’aéroport, on est aspiré par les arômes de l’Inde, l’encens, les épices et la merde. L’arrivée à Bombay, il aurait fallu que Céline l’écrive. » la Polynésie, le cœur de la Chine, Israël, la Palestine, le Guatemala…
Si vous aimez voyager ou si préférez rester dans votre fauteuil, vous trouverez quoi qu’il en soit de bonnes raisons de sourire à cette lecture.