Unie au riche propriétaire du lointain domaine Marchère par l’un de ces mariages arrangés si courants au 19ème siècle, Aimée se découvre un mari austère mais courtois, absorbé par l’exploitation de ses forêts du Jura. Elle apprend bientôt qu’elle succède à une première épouse, morte peu après ses noces. Troublée par l’épais silence entourant cette disparition, la jeune femme accumule les noirs pressentiments et se met à considérer son nouvel environnement sous un jour de plus en plus menaçant...
C’est d’abord la prégnance soigneusement entretenue de son cadre
oppressant qui ancre cette histoire dans une angoisse diffuse. Encerclée par une épaisse forêt qui l’isole aussi sûrement qu’elle semble vouloir l’étouffer dans le silence bruissant de ses obscures futaies et de ses brouillards aveugles, la demeure des Marchère prend déjà des allures de manoir écossais ou de château des Carpates, quand on la découvre en plus le théâtre d’une tragédie scellée dans le secret du passé. La présence fantomatique de celle qui l’a devancée dans la position d’épouse devient pour Aimée d’autant plus insidieuse et troublante, qu’elle s’assortit d’un mystère que l’énigmatique comportement des hôtes du domaine a tôt fait de faire paraître suspect. C’est donc désormais avec l’obsédante sensation d’une menace incertaine que, piqué par l’intrigue, le lecteur s’achemine peu à peu vers des révélations inattendues.
Au fil des pages, viennent à l’esprit de nombreuses références de la littérature britannique du 19ème siècle, comme Jane Austen et les sœurs Brontë, avec en particulier Jane Eyre. Cécile Coulon joue avec les thèmes gothiques et sentimentaux, y associe une pointe de critique sociale et de féminisme en évoquant le mariage et la condition des femmes dans la société conventionnelle d’alors. Le ton restant moderne, sans la tournure des dialogues de l’époque, l’on se sent immergé dans l’un de ces contes contemporains en vogue, versions revisitées de grands classiques intemporels. Chez le lecteur, l’amusement en finit presque par l’emporter sur l’inquiétude et le suspense…
Si ce nouveau roman de Cécile Coulon, moins âpre et légèrement plus fantaisiste qu’Une bête au paradis, se lit peut-être avec moins de passion, il possède un charme qui, à défaut de foudroyer, se savoure avec quelques frissons d'angoisse.
Une jolie découverte
Lorsqu'Aimée épouse Candre, elle s'installe dans sa grande maison au coeur de la forêt. Mais plus elle passe de temps en ces lieux, plus elle découvre des choses étranges, sur son mari et sur les personnes qui l'entourent. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère mystérieuse de ce roman qui oscille entre suspense et fantastique. On ne sait pas à quels personnages se fier, tout est étrange mais on a très envie de savoir ce qui se trame dans cette maison! Le style de Cécile Coulon est aussi original qu'agréable. Je recommande vivement cette lecture pour les soirées d'automne.