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Maître incontesté de la science-fiction, auteur de chefs-d'oeuvre tels que Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? , récompensé par le prix Hugo en 1963 pour Le Maître du Haut Château, Philip K. Dick (1928-1982) a imprimé ses propres visions dans l'imaginaire de son public, de ses pairs et des cinéastes (Blade Runner, Total Recall, Minority Report). Psychologiquement fragile, hanté par la mort de sa soeur jumelle, par la guerre froide et la menace atomique, il a trouvé dans la science-fiction le moyen d'exprimer ses propres obsessions, sa défiance vis-à-vis du monde qui l'entoure.
Lecteur assidu des pulps pendant sa jeunesse, amateur de littérature classique et de philosophie, Philip K. Dick propose très tôt une autre vision de la science-fiction et de la fantasy, loin de l'imagerie des space opera d'alors... Par un recours aux topoï du genre (guerres spatiales, robots menaçants...), au trompe-l'oeil de mondes parallèles, superposés ou truqués, Dick n'a cessé de questionner la réalité, le présent et le futur, en suivant les évolutions historiques et sociétales des Etats-Unis, dont il dévoilera la face sombre avec une incroyable acuité.
Rédigées à partir de 1947, parfois à un rythme frénétique, les nouvelles jouent un rôle essentiel dans la construction dickienne : véritable laboratoire d'idées, de formats, réservoir de personnages et de néologismes, elles constituent à la fois les soubassements et la pierre angulaire d'une oeuvre foisonnante (cent vingt nouvelles et quarante-cinq romans). Au tome I de cette édition, les nouvelles composées entre 1947 et 1953 offrent une immersion aux sources du processus créatif de l'auteur, avec l'émergence d'un genre propre et l'apparition de thèmes qui nourriront l'ensemble de son oeuvre future.
Si Dick emprunte aux standards de la science-fiction des années 1940-1950, il fait de chaque nouvelle le terrain d'expression d'une idée centrale, d'une exploration sans limite des mondes équivoques.
Cadeau de Noël
Parues à deux reprises chez Denoël et rapidement épuisées, les nouvelles de Philip K. Dick sont de nouveau disponibles chez Quarto Gallimard en deux volumes (1947-1953 et 1954-1981). Et pour bien appréhender l’œuvre qui suit, la biographie, complète et documentée de l’auteur par Laurent Queyssi, est idéale. Il ne reste plus qu’à s’attaquer aux 120 nouvelles, certaines ayant été déclinées en romans, d’autres ayant été adaptées au cinéma (Minority Report, Total Recall...). Parmi mes nouvelles préférées, L’inconnu du réverbère. Ed Loyce se rend en ville pour rejoindre le magasin de téléviseurs, dont il est propriétaire. Alors qu’il fait un tour pour garer sa voiture, il voit un homme pendu à un réverbère. Quand il interpelle les gens autour de lui, personne ne réagit. Il s’emporte de plus en plus et veut prévenir la police. Justement, deux agents arrivent. Ces derniers l’interrogent et Ed réalise rapidement qu’il ne les connaît pas, ce ne sont pas de vrais policiers...
Nous voilà en plein thème dickien : une réalité distordue, un monde où tout a l’air normal, mais pourtant quelque chose n’est pas net.