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Dans une lettre à son petit-fils, un ancien soldat raconte sa guerre et aborde la question indicible : que vaut la vie d'un homme quand notre propre survie est en jeu ? Longtemps, les questions posées par Callum à son grand-père allemand sur ses années de guerre alors qu'il combattait sur le front de l'Est sont restées sans réponse. Et puis, un jour, Meissner a pris la plume et s'est décidé à raconter.
Callum connaissait certains épisodes, l'enrôlement de Meissner dans la Wehrmacht en 1940, sa participation à l'invasion de l'URSS en 1941, sa capture en 1945 et ses trois années de goulag jusqu'en 1948, mais rien ne pouvait le préparer à tout ce que son grand-père avait encore à lui révéler. Et particulièrement sur l'année 1944 quand, avec quatre de ses camarades, ils ont compris que leur armée était en déroute ; que tout ce en quoi ils avaient cru jusqu'ici, tout ce qui les faisait tenir, qu'il s'agisse de l'appartenance à une nation, l'espoir que cette guerre serait rapide, les rêves de retour, tout était en train de s'écrouler ; que dans la déroute, les hommes ne sont plus des hommes, les lois n'ont plus lieu, la morale elle-même disparaît ; que le désespoir vous fait accomplir le pire et que rien, jamais, ne permettra d'expier la faute de tout un peuple.
La culpabilité !
Un roman très intéressant sur la culpabilité individuelle ou collective du côté allemand de la Seconde Guerre Mondiale. Il est présenté sous la forme d’une longue lettre d’un enrôlé en 1940, dès sa sortie du lycée, à son petit-fils qui lui a toujours posé des questions restées sans réponse.
Callum n’en prendra connaissance qu’au décès de son grand-père, son Opa. Il va ponctuer cette lettre de réflexions et d’explications pour les lecteurs afin de les aider à comprendre le contexte.
Envoyé sur le front de l’est, l’Oberkanonier Meissner, va raconter sa déroute de 1944 à travers la Pologne, s’exprimer sur ses actes ou non actes et ce qu’il en pense avec le recul. Il va parler aussi des exactions des nazis et se poser la question, sans pouvoir y répondre, de sa culpabilité sur ces faits.
L’Allemagne et les Allemands, pour une grande majorité, vivent avec une culpabilité collective qui se transmet à leurs enfants et petits-enfants ! A noter qu’en France cette culpabilité collective n’existe pas alors que la collaboration fut pourtant très active et meurtrière et l’indifférence face au sort des juifs encore plus étendue. Cela s’explique peut-être par le fait que l’Allemagne a une culture martiale historiquement beaucoup plus développée.
Opa ne fait pas l’impasse sur les actes, désespérés, qu’il a pu commettre ; il ne cherche pas non plus d’excuses, il raconte et tente de se remettre dans la tête du jeune homme envoyé au combat pour une raison qu’il ne comprenait pas.
Cette structure de roman permet de conserver un certain recul, malgré la densité de l’écriture, qui permet de saisir le sens des paroles d’Opa, sans tomber soi-même dans un sentimentalisme aveugle et juge !
En-dehors de la culpabilité, Callum pose la question de la transmission et du souvenir pour les enfants qui n’ont pas connus des survivants, ni leur descendance. Je pense qu’une fois les enfants d’après-guerre disparus, dont je fais partie, le souvenir de cette période ne sera plus que livresque pour une grosse majorité de la population de quelque nationalité que ce soit !
Un roman court mais j’ai eu l’impression qu’il contenait beaucoup plus de pages, tellement les mots pesaient de tout leur poids sur l’histoire ! Très bien écrit et traduit, il ne peut que pousser à nous poser des questions sur cette culpabilité et sa réalité face aux actes dont les états sont coupables.
Je vous invite à le lire, même s’il y a des moments violents et sanglants, il est sans parti pris, ni jugement !
#NouslesAllemands #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022