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Lauréat du Dayton Literary Peace Prize, un court roman stupéfiant d'intensité, un texte riche, souvent dérangeant, sur un passé qui n'en finit pas de résonner.
Je n'ai pas été un nazi. Ce que je veux te raconter ne concerne ni des atrocités, ni un génocide. Je n'ai pas vu les camps de la mort et je ne suis pas qualifié pour en dire un seul mot. J'ai lu le livre de Primo Levi sur ce sujet, comme tout le monde.
Sauf qu'en le lisant, nous, les Allemands, nous sommes obligés de penser : Nous avons commis cela.
Longtemps, les questions posées par Callum à son grand-père allemand sur la guerre sont restées sans réponse. Et puis, un jour, Meissner s'est décidé à raconter.
Sa vie de soldat sur le front de l'Est, les débuts triomphants, l'esprit de corps, l'ivresse des batailles, et puis le froid, la faim, la misère.
Et surtout l'année 1944 quand lui et ses camarades ont compris que la guerre était perdue ; que tout ce en quoi ils avaient cru, tout ce qui les faisait tenir, l'appartenance à une nation, l'espoir d'une guerre rapide, les rêves de retour, tout était en train de s'écrouler ; que dans la déroute, les hommes ne sont plus des hommes ; que le désespoir vous fait accomplir le pire et que rien, jamais, ne permettra d'expier la faute de tout un peuple.
La culpabilité !
Un roman très intéressant sur la culpabilité individuelle ou collective du côté allemand de la Seconde Guerre Mondiale. Il est présenté sous la forme d’une longue lettre d’un enrôlé en 1940, dès sa sortie du lycée, à son petit-fils qui lui a toujours posé des questions restées sans réponse.
Callum n’en prendra connaissance qu’au décès de son grand-père, son Opa. Il va ponctuer cette lettre de réflexions et d’explications pour les lecteurs afin de les aider à comprendre le contexte.
Envoyé sur le front de l’est, l’Oberkanonier Meissner, va raconter sa déroute de 1944 à travers la Pologne, s’exprimer sur ses actes ou non actes et ce qu’il en pense avec le recul. Il va parler aussi des exactions des nazis et se poser la question, sans pouvoir y répondre, de sa culpabilité sur ces faits.
L’Allemagne et les Allemands, pour une grande majorité, vivent avec une culpabilité collective qui se transmet à leurs enfants et petits-enfants ! A noter qu’en France cette culpabilité collective n’existe pas alors que la collaboration fut pourtant très active et meurtrière et l’indifférence face au sort des juifs encore plus étendue. Cela s’explique peut-être par le fait que l’Allemagne a une culture martiale historiquement beaucoup plus développée.
Opa ne fait pas l’impasse sur les actes, désespérés, qu’il a pu commettre ; il ne cherche pas non plus d’excuses, il raconte et tente de se remettre dans la tête du jeune homme envoyé au combat pour une raison qu’il ne comprenait pas.
Cette structure de roman permet de conserver un certain recul, malgré la densité de l’écriture, qui permet de saisir le sens des paroles d’Opa, sans tomber soi-même dans un sentimentalisme aveugle et juge !
En-dehors de la culpabilité, Callum pose la question de la transmission et du souvenir pour les enfants qui n’ont pas connus des survivants, ni leur descendance. Je pense qu’une fois les enfants d’après-guerre disparus, dont je fais partie, le souvenir de cette période ne sera plus que livresque pour une grosse majorité de la population de quelque nationalité que ce soit !
Un roman court mais j’ai eu l’impression qu’il contenait beaucoup plus de pages, tellement les mots pesaient de tout leur poids sur l’histoire ! Très bien écrit et traduit, il ne peut que pousser à nous poser des questions sur cette culpabilité et sa réalité face aux actes dont les états sont coupables.
Je vous invite à le lire, même s’il y a des moments violents et sanglants, il est sans parti pris, ni jugement !
#NouslesAllemands #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022