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Passionnant
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XXe siècle
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Newark
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Eugène Cantor
Eugène, dit Bucky, Cantor a vingt trois ans. C’est un grand sportif, spécialiste du lancer de javelot et de plongeons. Il est professeur de gymnastique et directeur du terrain de jeux de Chancellor dans le quartier juif de Newark. Élevé par des grands-parents très affectueux suite à la mort de sa mère et l’emprisonnement de son père, il possède un grand sens moral. Déçu de ne pouvoir suivre ses deux amis, Jake et Dave à la guerre à cause de sa myopie, il mettra un point d’honneur à se rendre utile auprès des jeunes en cet été 1944.
Ses qualités humaines vont être fortement
sollicitées avec l’arrivée de l’épidémie de poliomyélite, une guerre injuste qui frappe les jeunes du quartier.
A l’annonce des deux premières victimes, deux jeunes du terrain de jeu, les esprits s’enflamment, les habitants du quartier cherchent des boucs émissaires. Qui a transmis ce virus? Sont-ce les italiens venus se venger sur le quartier juif, ce marchand de hot-dog, les chats, les mouches, Horace le "dingo" du quartier ou Bucky qui regroupe les jeunes au stade sous ce soleil insoutenable ?
Bucky cherche à comprendre pourquoi ce Dieu envoie les jeunes gens se faire tuer à la guerre, terrasse de jeunes enfants avec ce microbe injuste. Ses états d’âme s’accroissent lorsque Marcia, sa petite amie lui demande de le rejoindre au camp d’été d’ Indian Hill comme responsable des sports nautiques, un lieu privilégié loin de l’épidémie. Peut-il une fois de plus s’éloigner du combat ou rester au risque de décevoir Marcia qu’il aime tant ?
C’est un de ses élèves, Arnold, lui aussi touché par la polio qui raconte l’été 44 de Mr Cantor. Un été qui anéantira cet homme responsable, d’une grande bonté, déjà bien marqué par un début de vie difficile mais heureusement aimé de tous.
Philip Roth fait de chaque évènement un fait essentiel pour la réflexion de Bucky. Cette belle histoire se met en place pour illustrer le sens du devoir et de la responsabilité mais surtout le sentiment de culpabilité et la remise en question de la foi en Dieu.
" Parfois on a de la chance, et parfois on n’en a pas. Toute biographie tient du hasard et, dès le début de la vie, tout relève du hasard, de la tyrannie de la contingence. Le hasard, je crois que c’est ce que Mr Cantor voulait dire quand il accusait ce qu’il appelait Dieu."
Le Javelot de Cantor et (est) la Plume de Roth
Testament de Roth ? La Jeunesse, L'Amour, la Mort, le Handicap : si Dieu existe il est forcément mauvais... Désespoir, culpabilité, renoncement, pour l'homme simple devant l'incompréhensible colère divine. A ce mystère répond la beauté essentielle du corps de l'athlète, l'absolue perfection du geste ... N'est ce pas l'écrivain qui tient ce javelot, lancé au ciel ?