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Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l’Adirondacks, Mudgirl, l’enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l’élèvera avec tendresse en s’efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire. Devenue Meredith "M.R" Neukirchen, première femme présidente d’une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d’un dévouement total à l’égard de sa carrière et d’une ferveur morale intense quant à son rôle.
Mais précisément épuisée par la conception d’une rigidité excessive qu’elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d’une guerre avec l’Iraq (crise qui la contraint à s’engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R.
se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible. Un voyage sur les lieux qui l’ont vue naître, censé lui rendre un peu de l’équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l’engloutir une fois encore, mais dans la folie. Cette impitoyable exploration des fantômes du passé, doublée du portrait intime d’une femme ayant percé le plafond de verre à un coût gigantesque, fait de ce livre ainsi que l’a proclamé la critique, "un géant parmi les grands romans de Oates".
Beau personnage
Je n'aime pas beaucoup les romans dans lesquels les personnages sont proches d'une certaine folie, ce qui est parfois le cas de Meredith. Cependant, ce personnage m'a touchée. Cette femme qui est à la croisée des chemins, qui a réussi professionnellement, qui aime un homme marié, ce qui l'a empêché d'avoir une vie de famille doit revenir à ses racines pour faire la paix avec son passé, un passé que sa mère adoptive lui a volé en voulant faire d'elle la prolongation de son enfant mort. Ce couple de parents adoptifs est d'ailleurs intéressant à de nombreux égards. J'ai aimé l'environnement dans lequel Meredith vit, celui de l'université, avec ses rivalités et ses discussions philosophiques qui semblent stériles. Joyce Carol Oates en profite pour régler des comptes avec l'administration Bush, et le reproche que je ferais, c'est qu'elle ne le fait pas avec délicatesse mais Mudwoman semble incarner aussi bien les contradictions du passé de Meredith que celles de son pays.