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Dans la famille Moulin, on connaît surtout Jean, le héros de la Résistance. Mais cette figure aujourd'hui nationale doit beaucoup au soutien d'une femme : Laure Moulin (1892-1974). Oubliée de tous, la soeur aînée de la famille fut pourtant une combattante de la première heure et une authentique hérdine : ardente patriote et républicaine de toujours, infirmière volontaire pendant la Première Guerre mondiale, cette professeure d'anglais porta secours aux réfugiés espagnols fuyant le franquisme, avant de rejoindre l'Armée des ombres dès l'été 1940.
Infatigable voyageuse et fine lettrée, elle fut la première complice et la plus proche confidente de l'unificateur de la Résistance. Agent de liaison, capable de coder et de décoder des messages clandestins, elle prit tous les risques et enquêta sans relâche sur les circonstances troubles de la mort d'un petit frère dont elle porta la mémoire jusqu'à son dernier souffle, au point d'effacer le rôle essentiel qui fut le sien.
Au terme d'une enquête passionnante, fort d'archives et de témoignages inédits. Thomas Rabino répare un oubli injuste en mettant en lumière un destin hors normes. Ce faisant, il rend justice à celui de toutes ces femmes, soeurs et proches de résistants sans lesquelles la Résistance n'aurait pas existé.
Très captivant - A conseiller
J’ai eu le plaisir de rencontrer Thomas Rabino, lors de la parution de la magnifique biographie qu’il a consacrée à Jean Moulin, mon compatriote biterrois, en 2014.
Je lui avais fait part de ma profonde satisfaction d’avoir pu découvrir « L’autre Jean Moulin ». Il était donc normal que je m’intéresse à celle qu’il a publiée, il y a maintenant un an, sur la sœur de ce héros de la Résistance, Laure Moulin.
Une nouvelle fois, je n’ai pas été déçu, bien au contraire !
Je me suis senti complètement happé par les écrits de ce biographe hors pair à un point tel que je me suis immergé dans les lignes de ce livre que l’on pourrait lire comme un roman, tant il est bien écrit. La lecture est plaisante, avec des mots simples, bien choisis. Les références bibliographiques sont particulièrement sérieuses. Son travail de recherche est considérable et l’accès à des archives inédites tient en haleine du début jusqu’à la fin de l’ouvrage.
Certaines tournures m’ont même ému et, surtout, j’ai découvert une DAME en majuscule que je ne connaissais que dans l’ombre de la magistrale carrure de son frère. Son effacement aux côtés de celui qui a été le premier président du Conseil de la Résistance est admirable. Elle est attentionnée, protectrice, mais ô combien active et sans recherche de quelques remerciements que ce soit.
Thomas Rabino a des tournures qui marquent, qui touchent aussi bien sur le fond que sur la forme.
Pour illustrer mes propos, j’ai choisi deux formules que je vous soumets.
La première - sur le fond - se trouve à la page 128 : « Pilier avant la guerre, Laure l’est encore plus aux yeux de Jean, dans une époque où tous les repères ont volé en éclat ».
On peut lire la seconde - sur la forme - à la page 14 : « Certes, on se situe ici loin de l’imaginaire traditionnel peuplé de maquisards et d’une poignée d’héroïnes maniant la mitraillette, telle Lucie Aubrac, ou organisant des groupes de volontaires, telles Germaine Tillon, Danielle Casanova ou Berthe Albrecht. Laure Moulin est à l’image de ces résistants sans titre, des « soutières de la gloire » trop humbles pour s’en prévaloir ».
En tout cas vous aurez compris que j’ai particulièrement apprécié ce livre passionnant, que je recommande chaleureusement, et je dois vous l’avouer, Thomas Rabino est pour moi une valeur sûre de la biographie tant ses textes sont plaisants à découvrir et, surtout, il est devenu un spécialiste de la famille Moulin, ce dont ne peuvent pas se prévaloir d’autres auteurs beaucoup plus succincts dans leurs recherches.