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François Mauriac, voilà un nom célèbre et déjà un malentendu... Une littérature qu'on cantonne volontiers aux histoires d'amours contrariées par la morale bourgeoise. Camus en fit, au contraire, le "Dostoïevski de la Gironde". Parce qu'il ne versait ni dans l'utopie ni dans le nihilisme, et ne croyait qu'au Christ à l'instar de l'auteur de Crime et Châtiment. François Mauriac traversa son siècle à l'inverse de Céline: en conservant cette distance avec les passions idéologiques qui consument.
Eternellement cloué au pilori de sa lucidité politique, il dévisagea l'injustice sans céder pour autant aux sirènes de la vengeance. S'il a failli perdre la foi au spectacle de l'Holocauste et des persécutions antisémites, il demande la grâce pour Brasillach, son ennemi de toujours. A peine est-il couronné du prix Nobel qu'il s'insurge contre la répression coloniale au Maroc. En 1958, il a déjà dénoncé la torture en Algérie."Provincial" souvent plus perspicace que les grands philosophes de son temps, Mauriac n'aura cessé de se confronter à ses doutes et au mystère du destin.
A l'heure de la "mort de Dieu", il incarne le tragique chrétien par excellence. Une évocation fervente et rare par l'auteur de A la rencontre des disparus.