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Le suicide d'un adolescent, le deuil d'un parent. Le dialogue qu'imagine une mère avec son enfant pour continuer à lui parler, à l'entendre, à le faire exister. Le cache-cache intellectuel de deux esprits marqués par le sceau de la création. Après le très brillant Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie, qui fut en lice pour le prix Médicis et le prix du Meilleur livre étranger, Yiyun Li rend un hommage plein de tendresse, de poésie et de pudeur à son fils, et mêle magnifiquement l'intime à l'universel : la douleur après la perte d'un être cher, le refuge que constituent les mots et, plus largement, la puissance cathartique de la littérature.
Mère et fils
Il y a des livres qu'on lit parce qu'on nous dit qu'il faut les lire.
Il y a des livres qu'on lit parce qu'ils se vendent comme des petits pains.
Il y a des livres qu'on lit parce qu'ils ont un goût de fruit. D'autres, parce qu'ils sentent le printemps, l'été, l'automne. D'autres, parce qu'ils sentent l'hiver.
Le livre que voici, que sent-il ? À quel fruit le rattacher ?
Livre de deuil ? De sagesse ? De quête ? Mélangeons ces trois ingrédients et faisons notre gâteau ; s'il est réussi, voilà le résultat : La douceur de nos champs de bataille, livre d'une audace rare, tout en retenue, en précision, en délicatesse.
Il y a des livres qui nous racontent tout dans les menus détails, et on n'a plus rien à chercher ; d'autres font une telle preuve d'économie, que l'on reste sur notre faim.
Yiyun Li s'est posé des questions qu'elle nous offre tels des fruits dans un panier plein ; tout en le tendant vers nous, elle nous dit : « L'indicible est une plaie qui reste ouverte toujours, toujours, toujours, et à jamais. » Puis, en tournant le regard – mais vers où ? –, elle se demande : « Que font les gens quand ils ne peuvent pas accepter une chose qu'ils ne comprennent pas ? »
À lire comme on déguste un fruit rare !