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"On pense généralement que les journées d'un arbre se ressemblent toutes. Surtout s'il s'agit d'un vieil arbre. Mais non. Une journée d'un vieil arbre est une journée du monde." Dans l'ombre bienveillante du peuplier carolin, les souvenirs affluent, les destins s'entrecroisent : l'oncle Agustín court comme un cheval fou pour essayer d'atteindre l'horizon, la belle senorita Lombardi fait tourner toutes les têtes, le senor Pelice transforme son amour en véritable feu d'artifice, Argimón rêve de voler comme un ange.
Dans cette ode lumineuse à l'amitié et à la vie, Haroldo Conti livre un combat acharné contre le temps et l'oubli, et célèbre avec une délicatesse infinie la mémoire de ces êtres chers qui jamais vraiment ne disparaîtront.
La ballade du peuplier carolin
La voix de Haroldo Conti résonne longtemps, elle vibre à la manière d’une amulette sertie dans un décor naturel empreint de beauté végétale et minérale. C’est un poète qui nous écrit, un poète du monde grand et petit, un poète de la mémoire, de la filiation et de l’attachement au territoire, un poète de l’altérité.
C’est éblouissant, épiphanique, la lecture après quelques lignes à peine se fait entêtante. Pas un mot de trop, pas de manque, on se retrouve mêlé à ses histoires. La justesse est belle. Du vieil homme qui vient se reposer sur les racines de ce peuplier carolin (qui, par sa seule présence fait le lien entre les premières nouvelles), de cet homme devenu citadin qui revient dans le village de son enfance, de cet homme encore qui continue d’écrire à son amour non-vécu après que celle-ci se soit éteinte, tout y est un envoutement.
Et puis, il y a ces hommages, au peuple argentin, aux peuples frontaliers. Ces hommages dans lesquels on lit cet auteur au destin sacrifié par une idéologie politique qui l’aura enlevé au monde.
C’est beau, tout simplement.
Certains ont l’art d’écrire, Haroldo Conti possède l’art et la finesse de faire de nous des lecteurs engagés dans sa poétique.