10 juin 2019. De nombreux fans et journalistes se pressent devant le siège de la PJ parisienne, au 36 rue du Bastion. L’arrivée d’une voiture de sport est accueillie par des applaudissements, des flashs d’appareils photo, des questions de journalistes, des cris enthousiastes. Tous veulent savoir pour quelle raison le célèbre Juliano Rizzoni est convoqué par la police. Âgé de trente-trois ans, cet artiste peintre a été élevé dans un milieu d’argent et de pouvoir. Orphelin, il est l’unique héritier de Rizzoni & Co., une multinationale industrielle. « Il est né riche, très
riche. Et il est très doué, très doué » (p. 14). Ses toiles se vendent des millions de dollars.
En 2010, il a, également, été initié à la technique du tatouage Irezumi. Il a tout appris au Japon, auprès d’un puriste, maître Hogoshi III. Lorsque le célèbre maître-tatoueur a réalisé une œuvre sur son corps, il a lui-même éprouvé, dans sa chair, la souffrance physique de cette technique ancestrale. Chaque séance était rythmée par le rituel « Douleur, plaisir ». Fort de son enseignement, Juliano a réalisé une œuvre sur le dos de dix personnes. Deux étaient une commande et il a offert les huit autres à ses amant(e)s. « Douleur, plaisir ». C’est la raison de sa convocation : les peaux ont été déposées, la nuit dernière, chez Sotheby’s Paris, pour être mises aux enchères. Les tatouages, qui recouvrent la quasi-totalité du dos, ont été retirés de leurs propriétaires. Où sont ces derniers ?
Je ne suis pas tatouée et je n’ai pas envie de l’être, cependant, j’ai été passionnée par les passages décrivant la transmission du maître à son apprenti. J’ai serré les dents, en lisant la souffrance de ceux qui offrent leur corps à cet art, d’autant plus que la technique Irezumi est particulièrement brutale, mais elle offre une précision inégalée. Moi qui ne suis pas attirée par les tatouages, j’ai aimé découvrir l’univers et les motivations de ceux qui s’y adonnent.
Le commissaire Stéphane Jourdain et l’inspectrice Lucie Bunevial sont chargés de l’affaire. Ils enquêtent sur les relations sulfureuses entre Juliano et ceux à qu’il a offert son art, ils analysent la personnalité et le passé de l’artiste et de ses amants, ils s’informent sur les acheteurs potentiels et ils activent leurs contacts internationaux. Lucie a compris que seul le passé de Juliano Rizzoni peut éclairer les crimes actuels. Les scènes macabres s’enchaînent, des personnes sont exécutées, certaines presque « avec classe », d’autres avec barbarie et tortures. Certains passages sont durs à lire, l’imagination des tueurs (donc, celle de l’auteure) est sans limites. Si la souffrance n’était pas à son paroxysme, on s’attarderait sur l’intelligence des tortionnaires. Cependant, le plus difficile à supporter est ce que subit un personnage qui sait ce qui l’attend, mais endure l’innommable pour atteindre ses objectifs.
Le récit alterne entre la temporalité de l’enquête et les faits précédents l’audition de l’artiste, en tant que témoin. Chaque aller-retour soulève de nouvelles questions, ce qui augmente la tension. De plus, un personnage prend des risques inouïs, j’ai eu la sensation d’être entourée d’un voile noir et oppressant. Je ne savais pas sous quelle forme se présenterait le danger, mais je sentais sa présence. Lorsque le dénouement a dévoilé les mystères, je me suis aperçue que les réponses étaient dans les détails. Le scénario est très bien ficelé. Enfin, la dernière phrase est glaçante et laisse entrevoir la possibilité d’une suite. Je l’espère sincèrement, car j’ai énormément aimé Jeu de peaux.
Plongée dans l'univers du tatouage et de l'art...
Cher Vous,
Juliano Rizzoni est un enfant prodige. Très tôt, il révèle un talent inné pour la peinture, produisant des oeuvres à l'univers très particulier.
Malheureusement, très tôt, Juliano Rizzoni est orphelin et à la tête d'un empire... Il devra alors oublier pour quelques temps la peinture pour se former à la gestion d'entreprise, comme tout bon héritier se doit de le faire.
Mais, ce qui le fait vibrer, Juliano Rizzoni, c'est avant tout de peindre, et de créer... Il va alors tout quitter pour partir au Japon, dans l'espoir qu'un maître en Irezumi accepte de le former.
Il lui faudra plusieurs années pour maîtriser cet art du tatouage mais surtout pour en appréhender toute la philosophie.
A son retour au Monde, Juliano Rizzoni redeviendra la star qu'il a toujours été... à la fois controversée et applaudie des deux mains.
Jusqu'à ce que dix peaux tatouées, celles de ces amant(e)s soient déposées chez Sotheby's pour une grande vente...
Commencera alors une enquête particulièrement complexe pour le commissaire Jourdain et la lieutenant Bunevial...
Avec Jeu de peaux, Anouk Shutterberg déboule dans le monde du polar avec fracas. Ce tout premier roman mêle de multiples thématiques, brouille les pistes sans jamais perdre en rythme.
A la fois très bien documenté sans jamais tomber dans la didactique ennuyeuse, Jeu de peaux emmène le lecteur dans un univers impitoyable où s'entremêlent bien souvent plaisir et douleur.
L'ensemble des personnages est particulièrement bien construit menant, selon les situations, le lecteur a les détester, a les aimer ou a trembler pour eux... Une chose est sûre, aucun d'eux ne laisse indifférent... A commencer par le Commissaire Jourdain !
Un premier polar parfaitement maîtrisé, à l'écriture fine et efficace, et au rythme soutenu qui révèle une fin en apothéose !
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/12/10/40138160.html