Jean-Jacques Rousseau et la dérive totalitaire

Par : Jan Marejko
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  • Nombre de pages231
  • PrésentationBroché
  • FormatGrand Format
  • Poids0.4 kg
  • Dimensions15,5 cm × 22,5 cm × 2,0 cm
  • ISBN2-8251-2944-5
  • EAN9782825129449
  • Date de parution01/02/1984
  • CollectionCheminements
  • ÉditeurL'Age d'Homme

Résumé

Malgré une série d'ouvrages récents sur le totalitarisme, le sujet est loin d'être épuisé. Peut-être mémo l'essentiel n'a-t-il pas été suffisamment souligné. L'essentiel est que le totalitarisme n'est pas une chose qu'on peut montrer du doigt. Nous le portons en nous sous la forme de mythes obscurs et d'attentes confuses. Débusquer ces mythes et ces attentes n'est pas l'affaire d'un jour ; ce n'est même pas l'affaire de la raison critique seulement, car c'est précisément le développement hybride de cette raison qui constitue l'un des agents propagateurs du cancer qui nous ronge.
La rationalité désenchantée de l'Occident aura été le fourrier des grandes idéologies modernes, instruments de nivellement spirituel et d'extermination physique. Or, cette rationalité désenchantée, accompagnée de son larmoyant bouffon, l'amour de l'humanité, nous manipule encore insidieusement dans nos actes et dans nos paroles, quelles que soient, par ailleurs, nos allégeances religieuses ou politiques.
On peut se déclarer de droite, de gauche, catholique, protestant ou athée et, cependant, rester profondément totalitaire. C'est dire que, pour lutter contre le totalitarisme, nous n'avons pas besoin d'une n-iéme analyse politice-philosophique, mais d'une sorte d'expérience intérieure qui nous fasse repasser par les étapes qui ont conduit des bonnes intentions à l'univers concentrationnaire. Le totalitarisme, en effet, n'est pas né d'esprits pervers et despotiques, mais du désir de faire le bien.
C'est même dans une véritable orgie de bonnes intentions qu'il prend corps. Cette orgie, aucun siècle n'y a plus voluptueusement participé que le XVIIIe siècle. Et, dans ce siècle, personne n'a désiré plus ardemment et naïvement faire le bien de l'humanité que Jean-Jacques Rousseau. C'est chez lui qu'on peut voir comment ce désir conduit, sous les bannières de la libération universelle, au grand enterrement des âmes et des peuples.
Le plus curieux est que Rousseau lui-même, tel Prométhée enchaîné pour avoir voulu libérer, a été la première victime de cet enfermement, exactement comme les militants de la première heure qui ont presque tous été incarcérés ou liquidés par les machines pratiques et théoriques qu'ils avaient mises en marche. En suivant Rousseau dans l'ODYSSEE qui l'a conduit d'un bonheur bucolique à des terreurs psychiques préfiguratrices des grandes terreurs politiques de l'âge moderne, on comprend quelle logique est à l'oeuvre dans la DESTINEE de l'Occident.
On comprend aussi combien nous sommes, nous aussi, comme Rousseau il y a deux siècles, artisans et victimes du grand enfermement totalitaire. Par sa vie et son oeuvre, Rousseau esquisse d'un coup, au milieu du XVIIIe siècle, la figure archétypique de l'homme moderne, à la fois geôlier et libérateur. C'est sa grandeur et sa misère. C'est aussi la nôtre.
Malgré une série d'ouvrages récents sur le totalitarisme, le sujet est loin d'être épuisé. Peut-être mémo l'essentiel n'a-t-il pas été suffisamment souligné. L'essentiel est que le totalitarisme n'est pas une chose qu'on peut montrer du doigt. Nous le portons en nous sous la forme de mythes obscurs et d'attentes confuses. Débusquer ces mythes et ces attentes n'est pas l'affaire d'un jour ; ce n'est même pas l'affaire de la raison critique seulement, car c'est précisément le développement hybride de cette raison qui constitue l'un des agents propagateurs du cancer qui nous ronge.
La rationalité désenchantée de l'Occident aura été le fourrier des grandes idéologies modernes, instruments de nivellement spirituel et d'extermination physique. Or, cette rationalité désenchantée, accompagnée de son larmoyant bouffon, l'amour de l'humanité, nous manipule encore insidieusement dans nos actes et dans nos paroles, quelles que soient, par ailleurs, nos allégeances religieuses ou politiques.
On peut se déclarer de droite, de gauche, catholique, protestant ou athée et, cependant, rester profondément totalitaire. C'est dire que, pour lutter contre le totalitarisme, nous n'avons pas besoin d'une n-iéme analyse politice-philosophique, mais d'une sorte d'expérience intérieure qui nous fasse repasser par les étapes qui ont conduit des bonnes intentions à l'univers concentrationnaire. Le totalitarisme, en effet, n'est pas né d'esprits pervers et despotiques, mais du désir de faire le bien.
C'est même dans une véritable orgie de bonnes intentions qu'il prend corps. Cette orgie, aucun siècle n'y a plus voluptueusement participé que le XVIIIe siècle. Et, dans ce siècle, personne n'a désiré plus ardemment et naïvement faire le bien de l'humanité que Jean-Jacques Rousseau. C'est chez lui qu'on peut voir comment ce désir conduit, sous les bannières de la libération universelle, au grand enterrement des âmes et des peuples.
Le plus curieux est que Rousseau lui-même, tel Prométhée enchaîné pour avoir voulu libérer, a été la première victime de cet enfermement, exactement comme les militants de la première heure qui ont presque tous été incarcérés ou liquidés par les machines pratiques et théoriques qu'ils avaient mises en marche. En suivant Rousseau dans l'ODYSSEE qui l'a conduit d'un bonheur bucolique à des terreurs psychiques préfiguratrices des grandes terreurs politiques de l'âge moderne, on comprend quelle logique est à l'oeuvre dans la DESTINEE de l'Occident.
On comprend aussi combien nous sommes, nous aussi, comme Rousseau il y a deux siècles, artisans et victimes du grand enfermement totalitaire. Par sa vie et son oeuvre, Rousseau esquisse d'un coup, au milieu du XVIIIe siècle, la figure archétypique de l'homme moderne, à la fois geôlier et libérateur. C'est sa grandeur et sa misère. C'est aussi la nôtre.
Une heure avec Rousseau
Eric Werner, Jan Marejko, Tanguy L'Aminot, Jérôme Lèbre
10,00 €