Voici le récit d'une expérience singulière, celle d'un vagabondage perpétuel, qui n'est ni d'exil, ni de fuite, mais tout entier voué, semble-t-il, à ce pur plaisir, aussi difficile à définir que précieux à éprouver : celui de ne pas peser sur le monde. Plaisir fragile, plaisir discret de cette longue flânerie d'allure désinvolte, mais qui requiert aussi toute l'habileté du funambule. Car, pour accéder à cet état, sans doute faut-il se défaire, non pas une fois mais chaque jour, à chaque instant, à chaque regard, du poids de la peur, de toutes ces peurs insidieuses, insistantes, secrètes ou ostensibles qui alourdissent le corps et voilent la sensibilité...
Ainsi les mille facettes de la mort dans la vie rôdent, piègent, ombrent la marche, ainsi tout ce qui enclôt, immobilise, menace et détruit la vie est, encore et toujours, là. Nous ne sommes pas dans une idylle mais c'est dans l'attention singulière, précise et insouciante à la fois, à l'éviter que se préserve, discontinue, rythmique, l'expérience même dont ce récit déploie sa force - si faible à tant d'égards -, celle peut-être que nous envions aux oiseaux.
Biographie de Joël Roussiez
Joël Roussiez, né en 1952, vient de rentrer à Nantes après plusieurs années vécues à Vienne. Son précédent roman, La cinquième île, est paru en 1987 aux éditions Le Tout sur le Tout. En 1989, il a publié (Le temps qu'il fait & Le Tout sur le Tout) un livre de poèmes en prose : Bercés par les travaille désormais continûment à une œuvre très singulière, dont les deux prochains volets sont pour ainsi dire aboutis.