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Indispensable hommage aux ouvriers oubliés, au monde industriel déchu et à la lutte pour des lendemains qui chantent... A la Seyne-sur-Mer, on était " des Chantiers " comme on est d'un pays, d'une famille. Comme son père avant soi. Comme personne après eux. Combien d'hommes, en ces années 1970, ont connu la Tôlerie, la Forge, la Machine ? Soudant ici, graissant là, suant dans la fournaise d'où sortaient ces géants des mers - fierté du geste, triomphe de l'ouvrier.
Celui qu'on appelait " Narval " s'y construit : sa classe sociale, ses camarades, son identité politique. Lorsque la fermeture est annoncée, il entre en lutte, à la vie, à la mort. Bientôt le scandale éclate et emporte tout sur son passage... Requiem pour une classe ouvrière déchue.
De notre monde emporté
Une chronique sociale et politique d’une infinie sensibilité qu’on empoigne comme un poumon pressé,
La Seyne-sur-Mer et la fermeture des chantiers navals, radiographie intime et collective d’une époque, les années 70 et 80 et d’un scandale, celui de l’amiante.
L'Utopie broyée d’un monde, ouvrier, plein d’une mélancolie suintée d’humanité, de fraternités noyées dans l'oubli, autant d’évocations vibrantes convoquées tout en pudeur.
De notre monde emporté touche par la grâce de sa simplicité, sa colère douce et sensible qui fait rejaillir des voix, des corps et des présences, des bruits comme des gestes, tout un monde de luttes et de désillusions, autant d’histoires qui résonnent avec force d’une architecture et d'une mémoire scellée d’amitiés, de rêves déchus, de rouille et d’acier.
Un très beau texte percé d'échos intenses et d'héritages, magnifique de justesse, en forme d’hommage, à un père, à un monde et une condition, brisée de silences, étouffé de promesses, les veines gonflées d'images et de fragments comme d’un poison, sourd et latent.
De ces embruns qu'on oublie pas.