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"Messianisme", "apocalypse", "fin des temps" : ces mots, qui sont de gros mots, sont des mots qui font peur. Essayons pourtant de garder notre sang-froid et d'entendre calmement, voire joyeusement, ce qu'ils disent. Il se trouve qu'il existe une révélation de source hébraïque qui a su ordonner, jusqu'à une date récente, le rapport des hommes d'Occident au temps ainsi qu'à l'histoire vécue comme l'appel transcendant d'une destination collective.
J'ai trouvé bon, dans une époque où notre pensée de l'histoire est profondément en crise et travaillée, comme toute chose, par le nihilisme ambiant, de tirer les fils de ce dispositif singulier qui nous a permis de nous constituer si longtemps comme sujets à la parole, sujets à la mémoire et sujets au destin. Retrouver le vif de cette puissance créatrice à travers les prophètes de la Bible, la Kabbale lue par le grand Gerschom Scholem ou le livre chrétien de l'Apocalypse, c'est dégager des ressources actuelles pour une pensée à venir de la "vie divine" qui ne se limite pas au religieux, puisque le poème, de Dante à Proust, en est une expression privilégiée dans un moment de l'histoire où Dieu et les dieux sont désormais en retrait.