Le whodunit, ou l'ancêtre du polar contemporain

Arrivé tout droit de Grande-Bretagne, le whodunit est une forme très particulière de roman policier. Une intrigue criminelle, à laquelle le lecteur participe, y est dépeinte sur un ton ludique. Ce style est marqué par de célèbres ouvrages dont certains ont révolutionné le genre narratif. Après des débuts rigoureusement codifiés, le whodunit s'est modernisé grâce à l'expertise d'écrivains audacieux.

Qu'est-ce que le whodunit ?

Cette expression est issue du terme anglais « Who done it ? » signifiant « qui l'a fait ? ». Également nommé « roman-problème » ou « roman-jeu », le whodunit est le récit d'une investigation policière à laquelle le lecteur est amené à participer. Ce genre relativement récent a connu son apogée durant l'entre-deux-guerres. Il est né en Grande-Bretagne avec des œuvres classiques telles que les célèbres enquêtes d'Hercule Poirot, signées Agatha Christie. Le récit correspond à la résolution de l'énigme criminelle du point de vue du narrateur. Il répond à des règles strictes et stéréotypées.

Les règles d'écriture du whodunit

L'intrigue débute par un meurtre en apparence inexplicable. Le narrateur, qui est généralement l'un des principaux enquêteurs, évolue dans un espace limité ou clos. De même, le nombre de suspects est souvent très restreint. La résolution du crime se fait sur un fond humoristique qui apporte de la légèreté au roman et atténue la part sordide des circonstances criminelles. Flegme britannique, ironie, cynisme et humour sont généralement exploités par l'auteur. Le caractère du personnage de Watson, inventé par Sir Arthur Conan Doyle, a inspiré les précurseurs du whodunit. Au fur et à mesure de l'évolution du récit, le lecteur va pouvoir raisonner grâce à un faisceau d'indices communiqués progressivement. Son souhait est évidemment de déterminer l'identité du coupable avant sa révélation dans les dernières pages du livre. Il naît ainsi une forme de compétition entre le narrateur et le lecteur. Après ses débuts en Angleterre, le whodunit s'est exporté aux États-Unis. Certains auteurs américains, tels que Rex Stout ou Earl Derr Biggers, se sont affranchis des règles stéréotypées afin de réinventer ce genre narratif.

Les grandes œuvres classées whodunit

Dorothy Leigh Sayers, Nicholas Blake (pseudonyme de Cecil Day-Lewis) et Michael Innes rejoignent Agatha Christie dans la liste des principaux auteurs Anglo-Saxons de romans à énigme. Les Américains John Dickson Carr et Clayton Rawson se sont également emparés du genre. En France, Gaston Leroux s'est rendu célèbre avec Le Mystère de la chambre jaune, sorti en 1907, et son personnage Joseph Rouletabille. L'écrivain italien Umberto Eco a lui aussi marqué l'histoire du roman d'intrigue avec Le Nom de la Rose paru en 1980.

Évolution du whodunit

Si l'âge d'or du roman détective anglais s'est affirmé pendant les années 1920 à 1940, il a ensuite connu un léger déclin. Les auteurs ont néanmoins fait prospérer les enquêtes policières en adaptant le récit au contexte historique et social. Précurseur du polar, le whodunit a donné naissance aux diverses formes de romans policiers en se réinventant de manière régulière. Le best-seller Da Vinci Code de Dan Brown est ainsi un roman à énigme, héritier du whodunit. Ce sous-genre littéraire continue de passionner les lecteurs, mais aussi les téléspectateurs. En effet, de nombreuses adaptations cinématographiques témoignent du succès de ce style intemporel. D'ailleurs, les séries policières actuelles suivent majoritairement les grandes lignes éditoriales du whodunit.

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