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À quarante ans, Madeleine vit seule, à Brest. Elle travaille comme agent immobilier, connaît quelques aventures, des « amours de passage », comme l'on dit, des hommes qui ne s'attachent pas, qu'elle aimerait bien retenir mais qui se contentent d'une fois, d'une petite fois avec elle et qui disparaissent. Un matin, elle reçoit un appel de Paris à l'agence. Un certain Castellot cherche des maisons dans la région.
Il arrivera dès le lendemain. Lui va s'attacher à elle. Au début, Madeleine n'y croit pas vraiment, se raisonne, se dit que cet homme marié et père de famille ne reviendra jamais ni dans son lit ni dans sa Bretagne glacée. Elle se trompe. Castellot revient et, tandis que Madeleine décide qu'il est l'homme de sa vie, lui songe à en changer, de vie, de femme, de climat affectif. On dit souvent qu'un bon roman, c'est la rencontre d'un auteur et d'un personnage.
Pour son premier roman chez Stock, Amanda Sthers nous en livre deux, un homme et une femme qui n'avaient rien pour s'aimer ni se comprendre, que l'amour réunit, un amour impossible : un type comme Castellot ne devrait pas s'enterrer à Brest, se coucher dans des draps toujours froids, jamais secs. Tous deux semblent inconsolables mais ce n'est pas le même chagrin qui les étreint ni la même maladie.
Celui ou celle qui se sortira le mieux de cette drôle d'aventure n'est évidemment pas celui qu'on croit.
L'histoire d'une femme en quête d'amour
L'auteur nous raconte l'histoire de Madeleine quarantenaire, à l'existence morne et solitaire. Elevée sans preuve d'amour, rabaissée en permanence, Madeleine se trouve indigne d'être aimée. Elle rencontre un homme venu renouer avec ses origines bretonnes, suite au décès de son père. Madeleine va s'éprendre de cet homme triste et brusque. Ces deux solitudes se croisent, sans vraiment se comprendre. On éprouve une certaine tendresse pour Madeleine qui semble condamnée à être déçue.
Si le récit de cette rencontre paraît improbable, on peut reconnaître à l'auteur un talent pour décrire les sentiments éprouvés par les personnages. L'auteur passe de l'un à l'autre et nous conte des "tranches de vie" passées ou présentes, contribuant à la compréhension des événements et de la psychologie des personnages. L'auteur fait preuve d'un style vif et abrupt qui fait mouche. Le récit s'avère bien cru par moment (on aurait pu se passer de certaines descriptions sur les fluides corporels de différentes natures...).
Dans l'ensemble, cette lecture m'a plu.
J'en retiens l'image d'une femme accrochée à l'existence et à la vie : "Cà ne lui était pas naturel, la vie. Elle se forçait, elle insistait, elle volait tous les bouts de destin oubliés par les autres. Elle s'en foutait d'avoir mal, elle voulait exister".
A l'image de Madeleine, la Bretagne, terre nourricière, est solide : "La Bretagne a un paysage qui nargue. Un paysage définitif. Même la mer lui en veut, fouette ses rochers, fort, la tabasse. Mais la Bretagne tient debout, elle a toujours été là, elle sera toujours debout, intacte. Même odeur de sel, d'immense. Odeur de possible, ivresse de liberté".