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À découvrir
Sonia Devillers, journaliste bien connue et appréciée des auditeurs de France Inter, nous dévoile au fil d'une enquête approfondie et bouleversante, l'histoire de sa famille maternelle, originaire de Roumanie, juive et persécutée pour cela. Rien de nouveau, direz-vous, tout le monde connaît les exactions commises contre les juifs. Détrompez-vous. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que vous allez découvrir, même si vous lisez la 4ème de couverture.
Personne ne pourra sortir indifférent de cette lecture.
Si on se demandait parfois comment faisait les pays du bloc de l'Est pour vivre économiquement, l'histoire de la famille de Sonia DEVILLERS nous en donne un aperçu avec la Roumanie. C'est un troc organisé entre des Juifs devenus parias contre du bétail importé qui est ensuite revendu à l'export afin de récuperer des devises.
C'est sidérant. Sonia DEVILLERS a eu raison de faire connaitre ce trafic.
Pour ma part, il manque un ou deux chapitres sur les impressions et la vie en France à l'arrivée de la famille en 1962.
Alors que le régime communiste verrouillait hermétiquement les frontières, les grands-parents de Sonia Devillers quittèrent la Roumanie en 1961. Ces juifs de l’intelligentsia roumaine arrivèrent les mains vides à Paris et n’évoquèrent jamais de leur passé que leurs meilleurs souvenirs. Pourtant, la Roumanie fut, aux côtés des nazis, l’un des pays les plus zélés de la Shoah. Pourtant, quinze ans après la fin de la guerre, ils durent tout quitter et repartir de zéro dans l’exil. Intriguée par les blancs de son histoire familiale, l’auteur s’est lancée dans sa reconstitution,
exhumant avec stupéfaction l’effarant et infamant trafic d’humains auquel, dans le plus grand secret, la Roumanie se livra de 1958 à 1989.
Ce n’est que depuis quelques années, avec l’ouverture progressive des archives de la Securitate, le Département de la Sécurité de l’État roumain, que le secret le mieux gardé du monde communiste commence à filtrer : pendant trente ans, des juifs furent troqués au prix fort contre du bétail - des porcs reproducteurs principalement - et du matériel agricole, nécessaires au sauvetage d’une agriculture rendue exsangue par la collectivisation. Les livres de comptes précisément tenus témoignent des transactions dont Nicolae Ceausescu se félicita en ces termes : « Les juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d’exportation ». Plus discret pour la vitrine communiste qu’une vente rémunérée directement en devises, l’échange d’humains contre des bestiaux et des équipements s’effectuait sous l’égide d’un passeur, Henry Jacober, un juif slovaque devenu homme d’affaires à Londres, et qui, bien loin d’un nouvel Oskar Schindler sauveur de juifs victimes du communisme roumain, s’en enrichit grassement, surtout lorsque Israël conclut les plus gros deals pour se peupler.
Ainsi, après avoir échappé de justesse à la Shoah dont le récit rappelle les pires moments en Roumanie, tellement oblitérés par le régime communiste que l’Histoire n’a principalement retenu que les neufs derniers mois de la guerre passés aux côtés des Alliés, les grands-parents de l’auteur, appliqués à se fondre parmi l’élite et les citoyens modèles de leur pays, finirent quand même par tout perdre, menacés et spoliés avant de servir de monnaie d’échange, expulsés quand le rideau de fer interdisait normalement de partir.
Entre récit intime et enquête journalistique, la narration de cet exil qui ne ressemble à aucun autre dévoile salutairement une ignominie restée cachée, qui vient honteusement s’ajouter, après la Shoah, à l’infinie tragédie des persécutions infligées aux juifs. Une histoire aussi douloureuse qu’inconcevable…
Indésirables
Je me souviens de la chute du mur de Berlin, de la mort du dictateur roumain Ceaușescu le jour de Noel 1999; à la période de la fin du "rideau de fer", chaque jour apportait son lot de révélations sordides, l'ouverture récente des archives roumaines réservait une surprise de taille à Sonia Devillers.
Sans pathos, un récit grave, un devoir de mémoire !