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" Soudain, trouant le silence, une voix me demanda : "Si vous ne souhaitez pas voir l'empereur, qui d'autre pourriez-vous avoir envie de rencontrer au Japon ?' " À cette question, Werner Herzog répondit sans hésiter : " Onoda. " Le nom, à lui seul, a l'apparence d'une énigme. En 1945, lorsque le Japon capitule, Hiroo Onoda est un soldat de l'armée impériale à qui l'on a confié la défense d'une petite île des Philippines.
Ignorant la défaite de son pays, retranché dans la jungle, il continuera pendant près de trente ans une guerre imaginaire où les véritables ennemis sont moins les troupes américaines qu'une nature hostile... et ses propres démons. Werner Herzog, qui a consacré ses plus grands films à la folie des hommes, imagine les scènes de ce combat épique et absurde, mené à la frontière indécise du rêve et de la réalité.
Jusqu'à un face-à-face vertigineux avec Onoda, qu'il a personnellement connu. À la fois roman d'aventure, docufiction et poème halluciné, Le Crépuscule du monde est une méditation sur le sens que nous donnons à nos vies.
Entre le passé et l'avenir
L'histoire est folle, presque incroyable. Sa durée, improbable. On croirait plutôt à une légende. Mais l'histoire de ce soldat menant tout seul la guerre, pendant trente ans, en pleine jungle, alors que la guerre est finie – a bien eu lieu.
On pense forcément au Désert des Tartares, de Buzzati. Quelle désolation que la guerre, l'attente des combats ! Mais on pense aussi au Sergent Getulio, de João Ubaldo Ribeiro, classique de la littérature brésilienne, et son personnage aveuglé par le sentiment du devoir et de l'honneur.
Qui connaît, qui aime le cinéma de Herzog, ne sera pas déçu. On retrouve, dans ce texte hallucinant, l'univers d'Aguirre et de Fitzcarraldo. Les dernières pages, autour de la rencontre de Herzog et d'Onada, l'ancien soldat, sont émouvantes à plus d'un titre.
Une acide, profonde réflexion sur le temps ; mais aussi, et surtout, sur le sens de nos vies.