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Événement ! Jesmyn Ward est la seule femme double lauréate du National Book Award, en 2011 pour Bois Sauvage (paru chez Belfond en 2012) et en 2017 pour Le Chant des revenants. Un exploit inédit pour celle qui a été comparée à Faulkner dès son premier livre.
Dans le Mississippi, de nos jours.
À treize ans, Jojo essaie de comprendre : ça veut dire quoi, être un homme ? Non pas qu'il manque de figures masculines, avec en premier chef son grand-père noir, Pop.
Mais il ya les autres, plus durs à cerner : son père blanc, Michael, actuellement en détention ; son autre grand-père, Big Joseph, qui l'ignore ; et les souvenirs de Given, son oncle, mort alors qu'il n'était qu'un adolescent.
Et Jojo a aussi du mal à cerner sa mère, Leonie, une femme fragile, en butte avec elle-même et avec les autres pour être la Noire qui a eu des enfants d'un Blanc. Leonie qui aimerait être une meilleure mère, mais qui a du mal à mettre les besoins de Jojo et de la petite Kayla au-dessus des siens, notamment quand il s'agit de trouver sa dose de crack.
Leonie qui cherche dans la drogue les souvenirs de son frère.
À l'annonce de la sortie de prison de Michael, Leonie embarque ses enfants et une copine dans la voiture, en route pour le pénitencier d'état. Là, dans ce lieu de perdition, il y a le fantôme d'un prisonnier, un garçon de treize ans qui transporte avec lui toute la sale histoire du Sud, et qui a beaucoup à apprendre à Jojo sur les pères, les fils, sur l'héritage, sur la violence, sur l'amour...
Coup de coeur
Dans une campagne pauvre du Sud des Etats-Unis, Jojo, enfant métis de douze ans, dont le père est en prison et la mère démissionnaire et toxicomane, est élevé par ses grands-parents noirs – les blancs ont violemment rejeté l’union de ses parents et la naissance de leurs petits-enfants.
Jojo, mûri plus vite que son âge, a farouchement pris sa petite sœur sous son aile. Il lui en faut du courage pour contrer les défaillances de ses parents, mais aussi pour affronter les fantômes du passé qui hantent les membres de sa famille : ainsi celui de son oncle, abattu lors d’un assassinat raciste déguisé en accident de chasse. Et aussi celui de Richie, un jeune compagnon de captivité de son grand-père dont il va peu à peu découvrir la dramatique histoire. Car son grand-père, lui aussi, a été emprisonné : arrêté arbitrairement en 1948, il s’est retrouvé au pénitencier agricole de Parchman, dans le Mississippi, connu pour avoir fait perdurer des pratiques esclavagistes jusque dans les années soixante-dix.
C’est une véritable sauvagerie raciste qui se dévoile peu à peu au travers des pages : des noirs lynchés ou abattus sans raison et en toute impunité, un système judiciaire et pénitentiaire aux pratiques inconcevables, et des comportements violents qui perdurent encore aujourd’hui jusqu’au coeur des familles.
La chaleur moite du Mississippi a tôt fait de vous envelopper et de vous entraîner dans une atmosphère mêlée de croyances et de superstitions où les esprits des morts ne quittent pas les vivants, surtout lorsque leur destin s’est avéré tragique. Tendresse et dignité, violence et impuissance se mêlent en un récit émouvant et révoltant, dont certains passages sont à glacer le sang : un chant de souffrance, mais aussi d’espoir, espoir qu’un jour les esprits torturés finiront par trouver le repos, leur histoire entendue, reconnue, pour enfin permettre la reconstruction des vivants. Coup de coeur.