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L'édition est la grande absente des analyses du rôle de l'industrie des relations publiques dans l'« éternel combat pour le contrôle des esprits ». Pourtant, comme les autres médias, le secteur est depuis longtemps aux mains de grands groupes, souvent les mêmes. Et il remplit la même fonction dans le maintien de l'ordre idéologique. Suivant la logique de croissance par acquisition : chacune prépare la suivante, les grands éditeurs perpétuent l'existence d'un type d'acteur qui, du seul fait de sa taille et de son mode d'organisation, forge un monde social et économique face auquel les idées de changement ne pèsent pas grand-chose.
La distinction artificielle entre « groupes de communication » et « groupes éditoriaux » occulte le rôle de ces entreprises dans une société à caractère de masse : transformer les lecteurs en consommateurs et limiter la capacité d'agir du plus grand nombre.
Un phénomène qui va en s'amplifiant.
Écrit par un éditeur, ce livre propose à la fois une anti- légende de l'édition et les bases d'une réflexion sur les responsabilités sociales et politiques de tout métier. Un questionnement qui prend une forme plus directe lorsqu'il touche à la diffusion d'idées : de quelles manières et sous quelles bannières défendre quels projets de société.
La première édition de ce livre est parue à la fin de l'été 2011.
Un an plus tard, le rachat de Flammarion par Gallimard puis celui de Payot & Rivages par Actes Sud bouleversaient la structure sur laquelle étaient basées ses analyses, et les confirmaient ; onze ans plus tard, alors que Madrigall a racheté Minuit et que le patron d'Editis est sur le point d'absorber Hachette, une nouvelle édition s'imposait !
Fondée sur l'histoire longue et une sociologie de l'édition, cette analyse remet au centre les enjeux de la concentration des groupes médiatiques.
Une mise en récit de la valse des marques et des dynasties d'éditeurs qui dévoile les réalités de l'édition d'aujourd'hui.
Et pour changer des pensums politiques et universitaires, c'est à l'ironie que ce portrait est brossé...
Alambiqué mais édifiant
Jamais une chose aussi simple en apparence que la production d'écrit et leur diffusion n'aura atteint un tel niveau de complexité et d'opacité.
Cet ouvrage, œuvre d'un éditeur (!), lève en partie le voile sur cet univers à la conjonction de l'idéologie, du mercantilisme le plus débridé, du mélange des genres et de la marchandisation de la "culture" livresque.
Revenant sur la concentration provoquée par les grandes maisons d'édition, sur le formatage de la production littéraire, sur la priorité mise sur la rentabilité contre la qualité, l'ouvrage nous fait finalement prendre conscience que les éditeurs pourraient presque devenir un maillon de trop dans la chaine du livre, occupant un rôle plus parasitaire que salutaire.
Triste dérive d'une profession autrefois prestigieuse, l'édition, à force de choix douteux et de logiques erronées, s'est faite la fossoyeuse de son propre lustre d'autrefois.
Reléguant les livres au rang de simples "produits culturels", le monde des grandes maisons d'édition, réduits à de simple entreprises capitalistiques sans âme, contribue à l'appauvrissement culturel et intellectuel de nos sociétés et privilégiant les productions médiocres, facilement produites et facilement vendues, au mépris d'une certain éthique inhérente à leur mission d'édition.
Au final, si tenté qu'on éprouvasse encore la moindre sympathie pour les membres du Cartel Galligrasseuil, on est très vite enclin à les détester à l'issu de la lecture de ce livre dont le seul défaut reste sans doute le style un peu particulier qui le rend un peu alambiqué et par conséquent légèrement difficile d'accès.