Ces enfants illégitimes, fabriqués. Ils sont les fils et filles d’Hitler d’Himmler, des SS. Ils sont les déchets de l’Allemagne nazie, ceux que l’on oublie aujourd’hui. Ils n’ont ni famille ni identité ni nationalité et ne sont que le fruit - pourri - de la seconde guerre mondiale.
Hildegard, 76 ans après sa naissance bafouée commence son journal. Un journal de l’ignorance, un journal d’incertitudes. Analphabète, son Scribe l’accompagne dans le douloureux processus d’écriture. Elle est la mémoire traumatisée, il est les outils pour la réparer. Il lui raconte
les autres, Anne Frank, Anna Arendt, Kafka pour, peut-être la ranimer. Muet, le plus souvent, il la laisse puiser dans ses silences. Les mots percutent ainsi. Les phrases, courtes, résonnent longuement, nous laissant bien souvent un peu sonnés. D’une écriture mécanique acerbe de départ, Hildegard gagne en aisance au fil de sa quête identitaire.
Oscar Lalo donne vie à une femme qui n’en a visiblement pas vécue. Sans doute bien éclairé sur l’atrocité de l’époque, il met en lumière ces enfants oubliés de la seconde Guerre. Après « les contes défaits », c’est de nouveau au cœur d’un récit d’enfance et de douleur qu’il nous séduit de sa plume incisive et si singulière...
Punchlines
Hildegarde Mueller est née dans une lebensborn, les maternités d’Himmler, en 1945. Elle ne connaît ni le nom de sa mère, ni celui de son père, ni même le jour et le mois exact de sa naissance. Ces milliers d’enfants « fabriqués « dans le mythe de la race aryenne ne sauront jamais qui ils sont vraiment puisque les nazis ont détruit les archives avant leur fuite. Roman sur la non-identité, « La race des orphelins » est un véritable coup de poing sur un aspect méconnu et oublié de la seconde guerre mondiale. A lire d’urgence!