J’avais déjà pu apprécier l’écriture de Carole Martinez avec le cœur cousu ; avec ce second roman, j’apprécie encore plus son phrasé riche, sculpté, et cette manière si particulière de faire danser et voyager les mots. En effet, Carole Martinez n’hésite pas à emprunter tournures et expressions moyenâgeuses pour mieux coller à son propos.
Du cœur cousu, bien que radicalement différent, nous retrouvons la femme au centre du roman, ainsi que sa triste condition. Esclarmonde, est une jeune femme en avance sur son temps : elle préfère se donner un avenir funeste, plutôt
que d’accepter docilement qu’on en choisisse un pour elle. C’est dans l’abnégation, et la maternité qu’elle se réalise.
« Plusieurs heures ont passé avant qu’il ne rentrât de la chasse et j’ai savouré ce délai, j’en ai grignoté chaque seconde, accrochée à Elzéar, goûtant la chaleur de sa peau contre la mienne-toucher, caresser, enlacer, comme ce contact charnel m’était doux après ces mois de séparation d’avec les corps !-guettant les sourires aux anges sur son petit visage apaisé, m’offrant ce dernier plaisir de le sentir confiant, , endormi dans mes bras, abandonné bouche entrouverte. »
« L’enfantement n’est pas seulement une torture physique, mais une peur attachée comme une pierre à une joie intense »
Le sentiment maternel ne s’est jamais départi de cette femme qui s’enterrant vivante, acquiert des pouvoirs surnaturels, et parvient de fait à régner parmi les hommes. Ses songes lui offrent la possibilité de « voir » l’invisible….
C’est la qualité de l’écriture qui m’a tenue lors de ma lecture. La première moitié du roman, plus axée sur la femme a mieux retenu mon attention, et mon intérêt, que les visions d’Esclarmonde à propos de son père parti en croisade. Tous les passages relatifs à ce sujet m’ont ennuyée royalement. Carole Martinez, à mon humble avis, semble s’être perdue en route, et a bien failli me perdre également ; la brièveté du roman a temporisé ma lassitude .Assez vite, le déroulé de l’histoire part dans tous les sens, ajoutant à l’atmosphère qui tient à la fois du conte, de la légende, de la magie, une lourdeur, et une certaine incohérence qui m’a finalement assez déçue de cette lecture.
Il est difficile de rendre compte d’un roman dont on a apprécié le style, même s’il se révèle à la longue difficilement soutenable sur la durée (Et Carole Martinez a été bien inspirée de faire court, et d’éviter ainsi les quelques longueurs du cœur cousu), mais dont l’histoire ne laisse pas de marque indélébile. Carole Martinez, adoubée par les lycéens qui lui ont attribué le Goncourt, ne m’a pas convaincue, encore moins émue .J’attendais énormément de son second livre…il me déçoit. Alors comme le souligne le mot de l’éditeur, si ce livre "emporte dans un univers singulier, et cruel", en revanche pour "la sensualité prenante " promise…c’est un peu exagéré !!!
moments de grâce
J'adore cet auteur, elle écrit merveilleusement bien et ses sujets sont totalement dépaysants quel que soit l'époque, le lieu ou les personnages.Ici, Carole Martinez nous raconte l'histoire d'Esclarmonde qui le jour de ses noces refuse de dire "oui" et exige d'être emmurée jusqu'à sa mort. Mais tout ne sera pas si simple et son père, seigneur des Murmures n'acceptera pas cette décision. Elle sera le témoin de son époque et inspirera les pèlerins allant en terre sainte.Conte sensuel et et cruel, ce texte nous marque à jamais. Ce texte a reçu le prix Goncourt des lycéens en 2011.Lisez aussi "le coeur cousu" si vous aimez cet écrivain.