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L'antisémitisme français, endogène, se déchaîne à partir de juillet 1940. Cela, on le sait. En revanche, on n'a pas mis assez l'accent sur le climat antisémite des années 1935-1939 quand nombre de politiques et d'écrivains y basculent alors que la menace de guerre européenne se précise. De Bucard à Doriot en politique. Et à Céline en littérature alors que l'on ne trouve ombre d'antisémitisme ni dans le Voyage en 1932 ni même dans Mort à Crédit en 1936.
C'est ce tournant là qu'il faut explorer. Ce volume entend montrer les réseaux et les hommes qui vont pousser l'antisémitisme français à se faire le fourrier des exterminateurs allemands. De Darquier à Sézille, de Paul Riche à Céline. Il montre la capillarité culturelle de l'antisémitisme, ce code social, cette revanche des ratés, cette explosion de ressentiment, cette lutte de classes dévoyée, et interroge sa propagande : marginale, ou lame de fond ? Plutôt que de réaliser une fois encore un énième catalogue de la bêtise dans tous ses états, ce numéro préfère questionner le sens de cette quête d'un monde « pur et sans ennemis ».