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Les dernières notes et avis
Notes et avis 1 à 8 sur un total de 8
La Tristesse est un esprit de feu
Avis posté le 2023-04-23
- Amour
- Solitude
- spiritualité
- Tristesse
- foi
- Désespoir et Espoir
Inégale jeunesse
Quelques profondes réflexions sur l'amour, le désespoir et l'empathie. Trois citations pour l'exemple :
« "Être en couple", voilà ce qu’il avait voulu. Simplement, comme quelques années s’étaient écoulées avant qu’Agnès n’entre dans sa vie, il avait cru l’aimer pour elle-même. Il avait nommé amour une attirance qui n’était qu’un effet de sa solitude. Ç’avait été Agnès ; ç’aurait pu être une autre. »
« Mais, vrai, je quitterais bien ce monde, non parce qu’il est laid et cruel – il l’est, pourtant –, mais parce qu’il est beau et doux, c’est trop pour moi. Je laisserais ces gens pétulants qui s’y sentent bien, et je m’éclipserais sans bruit pour un autre monde, un monde sans amour. Vous comprenez, je dois partir de ma propre initiative ; autrement, ceux qui vont bien, qui donc les débarrassera de la tristesse et des tristes?… »
« Il aimait ses proches et ses parents mais se désolait de voir que tous attendaient de lui qu’il se découvre "une passion" pour quelque chose, comme si la vie était assez immense pour accueillir en elle la grande passion de l’amour et conserver encore un peu de place pour une autre. Les autres êtres vivants dont la Terre est peuplée se contentent de ce qu’ils sont aptes à contenir et pour quoi, du reste, ils ont été façonnés ; les humains seuls, une fois envahis de l’unique force indispensable à leur existence, se gavent jusqu’à mort de leur âme de fadaises insalubres qu’ils nomment "passions", blasphémant la vérité. »
Quelques profondes réflexions sur l'amour, le désespoir et l'empathie. Trois citations pour l'exemple :
« "Être en couple", voilà ce qu’il avait voulu. Simplement, comme quelques années s’étaient écoulées avant qu’Agnès n’entre dans sa vie, il avait cru l’aimer pour elle-même. Il avait nommé amour une attirance qui n’était qu’un effet de sa solitude. Ç’avait été Agnès ; ç’aurait pu être une autre. »
« Mais, vrai, je quitterais bien ce monde, non parce qu’il est laid et cruel – il l’est, pourtant –, mais parce qu’il est beau et doux, c’est trop pour moi. Je laisserais ces gens pétulants qui s’y sentent bien, et je m’éclipserais sans bruit pour un autre monde, un monde sans amour. Vous comprenez, je dois partir de ma propre initiative ; autrement, ceux qui vont bien, qui donc les débarrassera de la tristesse et des tristes?… »
« Il aimait ses proches et ses parents mais se désolait de voir que tous attendaient de lui qu’il se découvre "une passion" pour quelque chose, comme si la vie était assez immense pour accueillir en elle la grande passion de l’amour et conserver encore un peu de place pour une autre. Les autres êtres vivants dont la Terre est peuplée se contentent de ce qu’ils sont aptes à contenir et pour quoi, du reste, ils ont été façonnés ; les humains seuls, une fois envahis de l’unique force indispensable à leur existence, se gavent jusqu’à mort de leur âme de fadaises insalubres qu’ils nomment "passions", blasphémant la vérité. »

Le désespéré
Avis posté le 2015-08-25
- Drôle
- Passionnant
- Instructif
- Dieu
Le révélateur du Mal.
Un livre tant drôle qu'on soupçonnerait presque l'auteur de se laisser aller à une persuasion fourbe pour nous faire adhérer à des idées qui, autrement, nous révulseraient. Mais c'est bien gratuitement, finalement, que Léon Bloy se fait virtuose de la langue française (empruntant des mots à l'argot, au passé, au latin et même à sa propre imagination) ; car toutes ses convictions, toutes ses protestations et ses attaques plus incisives qu'un crochet de serpent dirigées contre les porcs au cœur corrompu de son époque, sont justes et belles, comme portées par un souffle de Vérité révélatrice du néant paré du costume des hommes de bonne société, les antichrists annoncés par la Bible.
Un livre tant drôle qu'on soupçonnerait presque l'auteur de se laisser aller à une persuasion fourbe pour nous faire adhérer à des idées qui, autrement, nous révulseraient. Mais c'est bien gratuitement, finalement, que Léon Bloy se fait virtuose de la langue française (empruntant des mots à l'argot, au passé, au latin et même à sa propre imagination) ; car toutes ses convictions, toutes ses protestations et ses attaques plus incisives qu'un crochet de serpent dirigées contre les porcs au cœur corrompu de son époque, sont justes et belles, comme portées par un souffle de Vérité révélatrice du néant paré du costume des hommes de bonne société, les antichrists annoncés par la Bible.

Les Lais du Beleriand
Avis posté le 2014-10-29
- beau
- intéressant
Des lais d'une magnificence exceptionnelle
J'avais peur d'être puissamment ennuyé à la lecture de ce livre, attendu que la poésie n'est guère à mon goût et qu'en plus, il s'agit ici de poèmes de plusieurs milliers de vers. Mais, puisqu'il s'agit également de Tolkien, j'ai décidé de tenter la lecture.
Grand bien m'en a fait ! J'ai été intéressé du début à la fin, même par les vers. La traduction est très bonne, car la métrique est presque toujours respectée ; et, pour ce qui est du second grand lai (le Lai de Leithian), l'édition bilingue permet d'apprécier la version originale, ce qui est fort bienvenu.
Les commentaires de Christopher Tolkien sont, comme à l'habitude, très intéressants ; et la critique de C. S. Lewis m'a beaucoup étonnée de par sa forme, surprenante et donc, d'une certaine manière, amusante. Encore une fois, ce fut très appréciable (et apprécié, pour ce qui me concerne). C'est là que l'on constate clairement la différence de caractère entre Tolkien et Lewis : chacun a une vision différente de la poésie et de la littérature de l'imaginaire. Lewis est plus proche de la magie, une vision enfantine de la beauté et du merveilleux ; tandis que Tolkien est proche de l'épopée, suivant une certaine tradition, un héritage, de la littérature Antique.
Un livre passionnant, donc (tant au niveau des informations que l'on y peut dénicher, qu'à celui purement littéraire consistant en la lecture et l'appréciation des lais), dont je recommande la lecture à toute personne assez sensée pour me comprendre. Mais il serait judicieux de lire, avant cela, au moins l'un des récits autonomes et achevés que Tolkien écrivit à ses heures perdues, particulièrement le Silmarillion, afin de mieux comprendre les histoires contées par les lais ou, tout du moins, afin de n'être par frustré par leur fin abrupte ; car, rappelons-le, ces lais ne furent jamais achevés par Tolkien, et l'on en peut connaître la fin que dans leur version en prose, dans le Silmarillion (et, pour le premier lai, dans Les Enfants de Hurin, l'histoire complète qui ne figure que partiellement dans le Silmarillion).
J'avais peur d'être puissamment ennuyé à la lecture de ce livre, attendu que la poésie n'est guère à mon goût et qu'en plus, il s'agit ici de poèmes de plusieurs milliers de vers. Mais, puisqu'il s'agit également de Tolkien, j'ai décidé de tenter la lecture.
Grand bien m'en a fait ! J'ai été intéressé du début à la fin, même par les vers. La traduction est très bonne, car la métrique est presque toujours respectée ; et, pour ce qui est du second grand lai (le Lai de Leithian), l'édition bilingue permet d'apprécier la version originale, ce qui est fort bienvenu.
Les commentaires de Christopher Tolkien sont, comme à l'habitude, très intéressants ; et la critique de C. S. Lewis m'a beaucoup étonnée de par sa forme, surprenante et donc, d'une certaine manière, amusante. Encore une fois, ce fut très appréciable (et apprécié, pour ce qui me concerne). C'est là que l'on constate clairement la différence de caractère entre Tolkien et Lewis : chacun a une vision différente de la poésie et de la littérature de l'imaginaire. Lewis est plus proche de la magie, une vision enfantine de la beauté et du merveilleux ; tandis que Tolkien est proche de l'épopée, suivant une certaine tradition, un héritage, de la littérature Antique.
Un livre passionnant, donc (tant au niveau des informations que l'on y peut dénicher, qu'à celui purement littéraire consistant en la lecture et l'appréciation des lais), dont je recommande la lecture à toute personne assez sensée pour me comprendre. Mais il serait judicieux de lire, avant cela, au moins l'un des récits autonomes et achevés que Tolkien écrivit à ses heures perdues, particulièrement le Silmarillion, afin de mieux comprendre les histoires contées par les lais ou, tout du moins, afin de n'être par frustré par leur fin abrupte ; car, rappelons-le, ces lais ne furent jamais achevés par Tolkien, et l'on en peut connaître la fin que dans leur version en prose, dans le Silmarillion (et, pour le premier lai, dans Les Enfants de Hurin, l'histoire complète qui ne figure que partiellement dans le Silmarillion).