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Les dernières notes et avis
Notes et avis 1 à 8 sur un total de 8
Emmaüs
Avis posté le 2012-12-15
- XXe siècle
- italie
Le club des cinq
Dans son nouveau roman "Emmaus", Alessandro Baricco aborde une fois encore le thème de l'Amour. Pas le côté romantique, ni le côté physique mais plutôt l'Amour comme moyen d'une transformation. Il y a un avant et il y a un après, à l'Amour. Cela semble être la thèse défendue par l'auteur.
Dans "Soie", son grand chef-d'oeuvre paru en 1997, le héros Hervé Joncour avait trouvé le moyen de sa libération et de son épanouissement grâce à une idylle avec une mystérieuse et désirable geisha japonaise,. Cette fois dans "Emmaus", le narrateur et ses acolytes sont des jeunes hommes, bien sages, qui vont perdre beaucoup d'illusions en même temps que leur virginité.
Un livre rempli de citations bibliques, truffé de clichés un peu mièvres et beaucoup de bons sentiments. Il n'est fait mention d'aucun repère chronologique mais il règne un air un peu suranné de vieux livre. Malheureusement, il ne s'agit pas non plus d'un conte merveilleux atemporel, plutôt une fable gentillette avant internet et les ravages de la drogue. Où est donc cette petite ville italienne ? Quel est le message de ce livre ? Dans quel monde vit Alessandro Baricco ?
Un écrivain visiblement ancré dans une ritournelle passéiste sans beaucoup de renouvellement ni de volonté de se dépasser. Un livre ennuyeusement gentil.
http://lesdouzecoupsdeminuit.blogspot.fr/
Dans son nouveau roman "Emmaus", Alessandro Baricco aborde une fois encore le thème de l'Amour. Pas le côté romantique, ni le côté physique mais plutôt l'Amour comme moyen d'une transformation. Il y a un avant et il y a un après, à l'Amour. Cela semble être la thèse défendue par l'auteur.
Dans "Soie", son grand chef-d'oeuvre paru en 1997, le héros Hervé Joncour avait trouvé le moyen de sa libération et de son épanouissement grâce à une idylle avec une mystérieuse et désirable geisha japonaise,. Cette fois dans "Emmaus", le narrateur et ses acolytes sont des jeunes hommes, bien sages, qui vont perdre beaucoup d'illusions en même temps que leur virginité.
Un livre rempli de citations bibliques, truffé de clichés un peu mièvres et beaucoup de bons sentiments. Il n'est fait mention d'aucun repère chronologique mais il règne un air un peu suranné de vieux livre. Malheureusement, il ne s'agit pas non plus d'un conte merveilleux atemporel, plutôt une fable gentillette avant internet et les ravages de la drogue. Où est donc cette petite ville italienne ? Quel est le message de ce livre ? Dans quel monde vit Alessandro Baricco ?
Un écrivain visiblement ancré dans une ritournelle passéiste sans beaucoup de renouvellement ni de volonté de se dépasser. Un livre ennuyeusement gentil.
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Pour seul cortège
Avis posté le 2012-11-24
- Passionnant
- Antiquité
- Enivrant
- Alexandre le Grand
Danse avec la mort
Alexandre danse. Il est le maître du monde, au sommet de sa gloire. Et pourtant dans quelques heures, Alexandre Le Grand ne sera plus...
II règne sur l'empire le plus vaste jamais conquis. Il a vaincu la plus grande armée du monde antique : l'armée Perse. Il a fait de Persepolis, un champ de ruines et étendu son pouvoir jusqu'aux rives du Gange. Cet homme, si puissant, danse : ivre, lors d'un banquet en son honneur. Sa cour est là, à le regarder : admirative et envieuse de sa beauté, de sa grâce et de sa puissance.
Il flotte comme porté par l'alcool et le vertige de la danse. Et soudain, une douleur l'abat en plein vol. Alexandre s'effondre d'un coup. Il ne se relèvera plus. On le transporte dans sa chambre. Son médecin lui conseille le repos. Il demande qu'on aille chercher Dryptéïs, la fille de Darius, son ennemi Perse vaincu. Quelle est la raison de cette requête ? Qu'a-t-il à lui dire ? Et pourquoi fait-on aussi venir Sisygambis, la pythie ? Commence alors son dernier combat contre un ennemi intérieur invisible. Mais tous semblent se résigner à l'impensable : Alexandre va mourir.
Dès l'annonce de sa mort, les Généraux se partagent l'Empire. Des clans se forment. Le palais est le théâtre de coups bas et de chausses trappes. Une bataille s'annonce pour la dépouille et l'héritage d'Alexandre ...au propre comme au figuré. Le corps part alors rejoindre les siens en Macédoine. Un incroyable cortège se met en route pour un voyage de plusieurs mois, afin d'accompagner le roi jusqu'à sa dernière demeure....
Laurent Gaudé a choisi Alexandre Le Grand comme sujet de son nouvel opus. Et une fois encore, il nous enchante avec une histoire de fin du monde. Il nous rend témoin de ces quelques heures qui précèdent et suivent un désastre, un basculement, une catastrophe. Destins croisés d'un homme puissant foudroyé en pleine jeunesse avec celui d'une femme à qui il a tout pris, mais qui lui est mystérieusement attachée. Ils auraient pu s'aimer mais encore fallait-il qu'ils se le disent.
Il y a quelque chose d'addictif dans l'écriture de Laurent Gaudé. Son style inimitable fait chaque fois son oeuvre. Il apporte plaisir, jubilation et émerveillement au détour de chaque page. Quel est donc son secret ? D'où vient cet capacité d'envoûtement du lecteur ? Pour seul cortège est à la fois un roman épique, plein de batailles et de complots, mais aussi un drame intime, dans le huis clos des palais.
Ce roman n'atteint peut-être pas le sublime de son chef d'œuvre Ouragan, publié il y a deux ans, mais il procure un immense plaisir. Un plaisir à savourer sans modération.
http://www.lesdouzecoupsdeminuit.blogspot.fr/
Alexandre danse. Il est le maître du monde, au sommet de sa gloire. Et pourtant dans quelques heures, Alexandre Le Grand ne sera plus...
II règne sur l'empire le plus vaste jamais conquis. Il a vaincu la plus grande armée du monde antique : l'armée Perse. Il a fait de Persepolis, un champ de ruines et étendu son pouvoir jusqu'aux rives du Gange. Cet homme, si puissant, danse : ivre, lors d'un banquet en son honneur. Sa cour est là, à le regarder : admirative et envieuse de sa beauté, de sa grâce et de sa puissance.
Il flotte comme porté par l'alcool et le vertige de la danse. Et soudain, une douleur l'abat en plein vol. Alexandre s'effondre d'un coup. Il ne se relèvera plus. On le transporte dans sa chambre. Son médecin lui conseille le repos. Il demande qu'on aille chercher Dryptéïs, la fille de Darius, son ennemi Perse vaincu. Quelle est la raison de cette requête ? Qu'a-t-il à lui dire ? Et pourquoi fait-on aussi venir Sisygambis, la pythie ? Commence alors son dernier combat contre un ennemi intérieur invisible. Mais tous semblent se résigner à l'impensable : Alexandre va mourir.
Dès l'annonce de sa mort, les Généraux se partagent l'Empire. Des clans se forment. Le palais est le théâtre de coups bas et de chausses trappes. Une bataille s'annonce pour la dépouille et l'héritage d'Alexandre ...au propre comme au figuré. Le corps part alors rejoindre les siens en Macédoine. Un incroyable cortège se met en route pour un voyage de plusieurs mois, afin d'accompagner le roi jusqu'à sa dernière demeure....
Laurent Gaudé a choisi Alexandre Le Grand comme sujet de son nouvel opus. Et une fois encore, il nous enchante avec une histoire de fin du monde. Il nous rend témoin de ces quelques heures qui précèdent et suivent un désastre, un basculement, une catastrophe. Destins croisés d'un homme puissant foudroyé en pleine jeunesse avec celui d'une femme à qui il a tout pris, mais qui lui est mystérieusement attachée. Ils auraient pu s'aimer mais encore fallait-il qu'ils se le disent.
Il y a quelque chose d'addictif dans l'écriture de Laurent Gaudé. Son style inimitable fait chaque fois son oeuvre. Il apporte plaisir, jubilation et émerveillement au détour de chaque page. Quel est donc son secret ? D'où vient cet capacité d'envoûtement du lecteur ? Pour seul cortège est à la fois un roman épique, plein de batailles et de complots, mais aussi un drame intime, dans le huis clos des palais.
Ce roman n'atteint peut-être pas le sublime de son chef d'œuvre Ouragan, publié il y a deux ans, mais il procure un immense plaisir. Un plaisir à savourer sans modération.
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L'hiver des hommes
Avis posté le 2012-11-18
- XXIe siècle
- Bosnie
Marché de dupes
La couverture médiatique de la Rentrée Littéraire 2012 avait présenté "L'hiver des hommes" comme un livre évènement, une œuvre de réflexion : Comment peut-on vivre lorsque l'on est issu d'une famille de monstres ? N'y-a-t-il pas d'autre salut que le suicide ? Peut-on pardonner, avancer après l'horreur ?
Lorsque l'on referme le livre de Lionel Duroy, on ne peut que ressentir de la déception. L'hiver des hommes laisse même une impression de livre bâclé comme si l'écrivain avait perdu, au fil des pages, les raisons qui l'ont poussé à écrire. Tout sonne faux. Le style se veut polar avec une ambiance inspirée du "troisième homme", mal mise en scène. Les personnages sont caricaturaux dans leur ruralité animale et sans aucune profondeur. Les villages enneigés font décors de cinéma, artificiellement sales et délabrés. Quant aux flash-back de sa vie amoureuse, ils font plaqués, mécaniques et écris sans aucune intensité émotionnelle.
L'auteur développe au début du livre une thèse : Il met en parallèle le suicide d'Ana Mladic avec les histoires singulières d'enfants de dignitaires Nazi, qui, eux aussi, avaient mis fin à leurs jours. Mais visiblement lassé par son artifice ou bien coincé dans son récit, Lionel Duroy abandonne sa belle idée dans le premier tiers du livre pour ne plus y revenir ! Et que viennent donc faire tous les sms de sa femme, qui tombent au beau milieu des interviews de ces soldats du passé ? Rien... pour le lecteur en tous les cas.
Quel était le but poursuivi par Lionel Duroy à l'écriture de ce livre ? Enquête journalistique sur un fait d'histoire ? Thérapie familiale en public ? Apologie de crimes de guerre ? Le sait-il lui même ? Je n'ai malheureusement pas trouvé de réponse à cette question... Une certitude : ce qui était promis à l'extérieur n'est pas délivré à l'intérieur. Un gros coup de bluff. Un vrai marché de dupes.
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La couverture médiatique de la Rentrée Littéraire 2012 avait présenté "L'hiver des hommes" comme un livre évènement, une œuvre de réflexion : Comment peut-on vivre lorsque l'on est issu d'une famille de monstres ? N'y-a-t-il pas d'autre salut que le suicide ? Peut-on pardonner, avancer après l'horreur ?
Lorsque l'on referme le livre de Lionel Duroy, on ne peut que ressentir de la déception. L'hiver des hommes laisse même une impression de livre bâclé comme si l'écrivain avait perdu, au fil des pages, les raisons qui l'ont poussé à écrire. Tout sonne faux. Le style se veut polar avec une ambiance inspirée du "troisième homme", mal mise en scène. Les personnages sont caricaturaux dans leur ruralité animale et sans aucune profondeur. Les villages enneigés font décors de cinéma, artificiellement sales et délabrés. Quant aux flash-back de sa vie amoureuse, ils font plaqués, mécaniques et écris sans aucune intensité émotionnelle.
L'auteur développe au début du livre une thèse : Il met en parallèle le suicide d'Ana Mladic avec les histoires singulières d'enfants de dignitaires Nazi, qui, eux aussi, avaient mis fin à leurs jours. Mais visiblement lassé par son artifice ou bien coincé dans son récit, Lionel Duroy abandonne sa belle idée dans le premier tiers du livre pour ne plus y revenir ! Et que viennent donc faire tous les sms de sa femme, qui tombent au beau milieu des interviews de ces soldats du passé ? Rien... pour le lecteur en tous les cas.
Quel était le but poursuivi par Lionel Duroy à l'écriture de ce livre ? Enquête journalistique sur un fait d'histoire ? Thérapie familiale en public ? Apologie de crimes de guerre ? Le sait-il lui même ? Je n'ai malheureusement pas trouvé de réponse à cette question... Une certitude : ce qui était promis à l'extérieur n'est pas délivré à l'intérieur. Un gros coup de bluff. Un vrai marché de dupes.
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Viviane Elisabeth Fauville
Avis posté le 2012-11-02
- Paris
Eloge de la déraison pure
Dans son premier roman Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck nous rend spectateur des errances d'une femme à la dérive qui semble faire les choses en dépit du bon sens. Une meurtrière maladroite et un peu "barrée". Tout au long du livre, on se pose la question si elle a conscience de ses incohérences, de l'incongruité de sa conduite, de l'irrationalité de ses décisions et de la folie de ses idées. Est-elle folle ou simplement victime d'un baby blues ? Est-ce une exceptionnelle manipulatrice ? Une veuve noire ? Sera-t-elle confondue par la police ?
L'utilisation du vous comme technique de narration permet bien évidemment la prise de distance face à une héroïne perturbée et à ses comportements bizarres. Mais elle donne en plus une couleur unique à ce récit. Elle renforce l'atmosphère très particulière de l'intrigue. Est-on spectateur d'un fantasme ou est-ce la vie réelle qui nous est racontée ? A quel moment, l'héroïne est-elle réellement consciente de ses actes ? Ce vous est-il un ou une autre? Comme décidément, Julia Deck ne veut rien faire comme tout le monde, à un moment très précis du livre, la narration bascule du vous vers le je. Et de nouveau des doutes. Qui racontait l'histoire depuis le début ?
Viviane Elisabeth Fauville est un objet littéraire rare mais difficile à identifier. Il y a résolument un coup de génie dans l'idée originale, la construction de l'intrigue et la recherche stylistique. Mais tout n'est pas parfait dans ce premier roman. Parfois la forme littéraire et la volonté de coller à un style d'écriture devient un peu trop mécanique. Elle le fait au détriment de la profondeur de l'intrigue ou de la capacité à pousser toujours plus loin le délire. Les situations rocambolesques vont crescendo sur cent pages mais tombent d'un coup à plat dans le dernier chapitre. On sent une certaine retenue à des moments de l'histoire. Comme si Julia Deck avait voulu se rassurer, redevenir cartésienne. Comme si elle craignait que le livre ne lui échappe et vive sa propre vie.
N'ayez pas peur ! Lâchez cette autre vous-même et laissez-vous porter par votre prochain livre chère Julia....
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Dans son premier roman Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck nous rend spectateur des errances d'une femme à la dérive qui semble faire les choses en dépit du bon sens. Une meurtrière maladroite et un peu "barrée". Tout au long du livre, on se pose la question si elle a conscience de ses incohérences, de l'incongruité de sa conduite, de l'irrationalité de ses décisions et de la folie de ses idées. Est-elle folle ou simplement victime d'un baby blues ? Est-ce une exceptionnelle manipulatrice ? Une veuve noire ? Sera-t-elle confondue par la police ?
L'utilisation du vous comme technique de narration permet bien évidemment la prise de distance face à une héroïne perturbée et à ses comportements bizarres. Mais elle donne en plus une couleur unique à ce récit. Elle renforce l'atmosphère très particulière de l'intrigue. Est-on spectateur d'un fantasme ou est-ce la vie réelle qui nous est racontée ? A quel moment, l'héroïne est-elle réellement consciente de ses actes ? Ce vous est-il un ou une autre? Comme décidément, Julia Deck ne veut rien faire comme tout le monde, à un moment très précis du livre, la narration bascule du vous vers le je. Et de nouveau des doutes. Qui racontait l'histoire depuis le début ?
Viviane Elisabeth Fauville est un objet littéraire rare mais difficile à identifier. Il y a résolument un coup de génie dans l'idée originale, la construction de l'intrigue et la recherche stylistique. Mais tout n'est pas parfait dans ce premier roman. Parfois la forme littéraire et la volonté de coller à un style d'écriture devient un peu trop mécanique. Elle le fait au détriment de la profondeur de l'intrigue ou de la capacité à pousser toujours plus loin le délire. Les situations rocambolesques vont crescendo sur cent pages mais tombent d'un coup à plat dans le dernier chapitre. On sent une certaine retenue à des moments de l'histoire. Comme si Julia Deck avait voulu se rassurer, redevenir cartésienne. Comme si elle craignait que le livre ne lui échappe et vive sa propre vie.
N'ayez pas peur ! Lâchez cette autre vous-même et laissez-vous porter par votre prochain livre chère Julia....
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Barbe bleue
Avis posté le 2012-11-02
- XXIe siècle
- Paris
La barbe !
Fidèle à sa bonne vieille recette qui marche, Amélie Nothomb a donc publié hier son dernier roman Barbe bleue. Comme tous les ans, j'attendais avec délectation ce nouvel opus, l'ayant même réservé en ligne pour gagner du temps.Comme un enfant le matin de Noël, j'ai donc ouvert ce cadeau avec enthousiasme tant son roman l'an dernier Tuer le père m'avait procuré plaisir, jubilation et hilarité.
Cette année, son attention s'est portée sur les contes de notre enfance en revisitant Barbe Bleue. Une jeune femme Saturnine (ah les prénoms de ses héroïnes ... et en plus belge !) qui enseigne à l'École du Louvre recherche un logement sur Paris. Elle répond à une étrange petite annonce pour une co-location dans un appartement luxueux du VIIè arrondissement. Il appartient à un riche photographe célibataire, descendant de Grand d'Espagne qui y vit comme un reclus mystique entouré de quelques domestiques. Un mystère entoure cet homme et son appartement. Qu'est-il arrivé aux huit co-locataires précédentes qui ont toutes disparues dans d'étranges circonstances. Contre toute attente, elle est choisie parmi les vingt-cinq femmes qui postulaient ce jour là. Elle prend donc possession d'une magnifique chambre et aura accès à toutes les pièces de l'appartement. Toutes ? Non ! car une pièce noire lui est interdite par le maître des lieux sous peine de graves conséquences... Ça ne vous rappelle rien ?
S'en suit un jeu de séduction-répulsion réciproque, arrosé des meilleurs champagnes et accompagné de desserts un peu trop sucrés, jusqu'à un épilogue coup de théâtre qui est le secret de fabrication de cet écrivain.
Le choix de construire une intrigue autour d'un conte pour enfant était certainement séduisant au départ. Mais pourquoi vouloir faire du neuf avec du vieux ? Comment garder en haleine le lecteur alors que l'on connaît a priori la fin ? Pourquoi se mettre une telle contrainte pour faire vivre une intrigue, des personnages et un style. Amélie Nothomb n'est vraiment à l'aise que dans Son monde. Pourtant elle avait su sublimer le huis clos du bourreau et de la victime dans son chef d'oeuvre l'hygiène de l'assassin. Mais là point de sublime. Que diable est-elle allée faire dans cette galère ? Les clins d'oeil culturels, l'humour et les plaisirs de la table sont présents comme à l'accoutumée mais on reste sur sa faim tant l'intrigue et les rebondissements sont minces.
Alors conte ou roman ? A la fin de la journée, j'ai refermé le livre mais le charme était rompu. Quelle barbe !
http://www.lesdouzecoupsdeminuit.blogspot.fr/
Fidèle à sa bonne vieille recette qui marche, Amélie Nothomb a donc publié hier son dernier roman Barbe bleue. Comme tous les ans, j'attendais avec délectation ce nouvel opus, l'ayant même réservé en ligne pour gagner du temps.Comme un enfant le matin de Noël, j'ai donc ouvert ce cadeau avec enthousiasme tant son roman l'an dernier Tuer le père m'avait procuré plaisir, jubilation et hilarité.
Cette année, son attention s'est portée sur les contes de notre enfance en revisitant Barbe Bleue. Une jeune femme Saturnine (ah les prénoms de ses héroïnes ... et en plus belge !) qui enseigne à l'École du Louvre recherche un logement sur Paris. Elle répond à une étrange petite annonce pour une co-location dans un appartement luxueux du VIIè arrondissement. Il appartient à un riche photographe célibataire, descendant de Grand d'Espagne qui y vit comme un reclus mystique entouré de quelques domestiques. Un mystère entoure cet homme et son appartement. Qu'est-il arrivé aux huit co-locataires précédentes qui ont toutes disparues dans d'étranges circonstances. Contre toute attente, elle est choisie parmi les vingt-cinq femmes qui postulaient ce jour là. Elle prend donc possession d'une magnifique chambre et aura accès à toutes les pièces de l'appartement. Toutes ? Non ! car une pièce noire lui est interdite par le maître des lieux sous peine de graves conséquences... Ça ne vous rappelle rien ?
S'en suit un jeu de séduction-répulsion réciproque, arrosé des meilleurs champagnes et accompagné de desserts un peu trop sucrés, jusqu'à un épilogue coup de théâtre qui est le secret de fabrication de cet écrivain.
Le choix de construire une intrigue autour d'un conte pour enfant était certainement séduisant au départ. Mais pourquoi vouloir faire du neuf avec du vieux ? Comment garder en haleine le lecteur alors que l'on connaît a priori la fin ? Pourquoi se mettre une telle contrainte pour faire vivre une intrigue, des personnages et un style. Amélie Nothomb n'est vraiment à l'aise que dans Son monde. Pourtant elle avait su sublimer le huis clos du bourreau et de la victime dans son chef d'oeuvre l'hygiène de l'assassin. Mais là point de sublime. Que diable est-elle allée faire dans cette galère ? Les clins d'oeil culturels, l'humour et les plaisirs de la table sont présents comme à l'accoutumée mais on reste sur sa faim tant l'intrigue et les rebondissements sont minces.
Alors conte ou roman ? A la fin de la journée, j'ai refermé le livre mais le charme était rompu. Quelle barbe !
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14
Avis posté le 2012-10-07
- XXe siècle
- Vendée et Ardennes
Loto gagnant
Le récit relate, de manière croisée, la guerre. Pour les hommes, la frénésie du front des Ardennes. Pour la femme, l'attente à l'arrière en Vendée. Pas de grands actes héroïques, pas de récits épiques, encore moins de belles histoires d'amour, pas même un grand personnage historique en vue. La vraie vie, racontée comme un journal intime, écrite comme une lettre à un bien-aimé.
Dans son 15ème roman, Jean Echenoz nous propose d'entrer dans l'intimité, le quotidien, les émotions de ces gens simples qui ont survécu sans héroïsme mais dignité à l'horreur de la Guerre de 14. L'écriture est sobre, sèche, sans fioritures stylistiques. Chaque scène est racontées avec un zèle d'historien des armées. On sait tout de l'équipement du soldat: de la cervelliere sous le képi qui coupe le cuir chevelu...vite remplacée par un casque métallique laqué bleu, tellement poli qu'il brille au soleil... les pantalons rouges garances qui offrent une cible de choix aux coups de feu de l'ennemi... le paquetage de 35 kg détaillé ustensile par ustensile. On connaît tout de la vie quotidienne mais aussi des grandes étapes de ces 4 années de guerre.
Il réussit divinement à faire vibrer nos 5 sens : la chaleur du soleil d'août, les odeurs du foin moissonné, le son des cloches à la déclaration de guerre, le froid humide des tranchées, les odeurs âcres de la fumée, le goût écœurant du "singe", le son des fanfares à l'armistice. Et enfin, la chaleur des étreintes lors des retrouvailles. Mais aussi les douleurs imaginaires de ceux qui rentrent, brisés moralement et physiquement.
"14" raconte une infime partie de la Grande Guerre mais qu'elle est forte, bouleversante et poignante. Mais qu'elle est trop courte cette histoire ! Qu'ils sont attachants ces personnages ! Une fois refermé, on n'a qu'une envie: reprendre le livre du début pour revivre l'émotion... une fois encore !
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Le récit relate, de manière croisée, la guerre. Pour les hommes, la frénésie du front des Ardennes. Pour la femme, l'attente à l'arrière en Vendée. Pas de grands actes héroïques, pas de récits épiques, encore moins de belles histoires d'amour, pas même un grand personnage historique en vue. La vraie vie, racontée comme un journal intime, écrite comme une lettre à un bien-aimé.
Dans son 15ème roman, Jean Echenoz nous propose d'entrer dans l'intimité, le quotidien, les émotions de ces gens simples qui ont survécu sans héroïsme mais dignité à l'horreur de la Guerre de 14. L'écriture est sobre, sèche, sans fioritures stylistiques. Chaque scène est racontées avec un zèle d'historien des armées. On sait tout de l'équipement du soldat: de la cervelliere sous le képi qui coupe le cuir chevelu...vite remplacée par un casque métallique laqué bleu, tellement poli qu'il brille au soleil... les pantalons rouges garances qui offrent une cible de choix aux coups de feu de l'ennemi... le paquetage de 35 kg détaillé ustensile par ustensile. On connaît tout de la vie quotidienne mais aussi des grandes étapes de ces 4 années de guerre.
Il réussit divinement à faire vibrer nos 5 sens : la chaleur du soleil d'août, les odeurs du foin moissonné, le son des cloches à la déclaration de guerre, le froid humide des tranchées, les odeurs âcres de la fumée, le goût écœurant du "singe", le son des fanfares à l'armistice. Et enfin, la chaleur des étreintes lors des retrouvailles. Mais aussi les douleurs imaginaires de ceux qui rentrent, brisés moralement et physiquement.
"14" raconte une infime partie de la Grande Guerre mais qu'elle est forte, bouleversante et poignante. Mais qu'elle est trop courte cette histoire ! Qu'ils sont attachants ces personnages ! Une fois refermé, on n'a qu'une envie: reprendre le livre du début pour revivre l'émotion... une fois encore !
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"Oh..."
Avis posté le 2012-09-10
- XXIe siècle
720 heures de la vie d'une femme
La première scène fait l'effet d'un coup de poing : le coup de poing reçu par Michèle pendant son viol. Un viol sauvage qui brise, déchire, écrase, laisse des bleus et anéantit. Quelques lignes seulement mais d'une force incroyable. Puis l'homme cagoulé s'enfuit, la laissant seule, salie, sur le tapis du salon. Triste histoire de l'abjection ordinaire. Mais que croyez-vous qu'il arrive ? Michèle se relève, va prendre une douche. Puis elle range le salon, ramasse les bibelots cassés, passe l'aspirateur et rassure son vieux chat. Elle est en retard. Ce soir, elle attend sa famille pour dîner. Michèle fera ainsi comme si de rien n'était. Elle fait bonne figure...
Le viol est alors le point de départ d'une longue descente en apnée dans le corps et l'esprit de cette femme. Une apnée un peu oppressante d'un seul chapitre de 250 pages. Cette première scène sert de point d'entrée et l'on ne ressort la tête de l'eau que pour l'épilogue. Entre les deux, pas une coupure, pas un palier pour décompresser, pas de respiration stylistique. Des flash-backs, des pensées, des songes, des mensonges et des colères se suivent à une vitesse effrénée et s'entrechoquent parfois jusqu'au malaise. Un style incroyablement vif et rythmé. Cependant, il arrive au lecteur de ressentir un mal des profondeurs vers le milieu du livre. Quelques longueurs parfois et une lassitude qui apparaît au détour de certaines pages.
Une galerie étonnante de personnages s'opposent et mélangent leurs histoires, échecs et petites névroses ! La narratrice d'abord - Michèle - une jolie quinqua divorcée patronne d'une boite de production. Puis sa mère - Irène - 75 ans qui projette de se fiancer à un homme beaucoup plus jeune. Son fils, sans réel boulot qui vit une histoire d'amour banalement compliquée. Son ex-mari - Richard - homme faible qui l'aime toujours. Sa meilleure amie - Anna - qui est aussi son associée. Son voisin - Patrick - marié mais pas indifférent aux charmes de la belle. Et enfin son père - qui purge une peine de prison à vie. Un bestiaire de déjantés et de paumés mais à leur manière tellement attachants.
Mais surtout, il y a une intrigue incroyable et vénéneuse dans laquelle le viol joue le difficile rôle de catalyseur, de fil conducteur. Il est là pour annoncer une série de grandes ruptures, de grands changements, de perte de repères dans la vie ordonnée de cette femme. Toutes ses certitudes vont s'effondrer page après page. Quoiqu'elle fasse, la destruction fait son oeuvre sur sa vie passée et sape son avenir. Elle se laisse alors aller à explorer son côté sombre jusqu'à un épilogue fracassant et délirant.... et une explication du titre.
J'en suis ressorti sonné, groggy, ne sachant plus si j'avais lu ou simplement rêvé cette histoire. Ouah ...
La première scène fait l'effet d'un coup de poing : le coup de poing reçu par Michèle pendant son viol. Un viol sauvage qui brise, déchire, écrase, laisse des bleus et anéantit. Quelques lignes seulement mais d'une force incroyable. Puis l'homme cagoulé s'enfuit, la laissant seule, salie, sur le tapis du salon. Triste histoire de l'abjection ordinaire. Mais que croyez-vous qu'il arrive ? Michèle se relève, va prendre une douche. Puis elle range le salon, ramasse les bibelots cassés, passe l'aspirateur et rassure son vieux chat. Elle est en retard. Ce soir, elle attend sa famille pour dîner. Michèle fera ainsi comme si de rien n'était. Elle fait bonne figure...
Le viol est alors le point de départ d'une longue descente en apnée dans le corps et l'esprit de cette femme. Une apnée un peu oppressante d'un seul chapitre de 250 pages. Cette première scène sert de point d'entrée et l'on ne ressort la tête de l'eau que pour l'épilogue. Entre les deux, pas une coupure, pas un palier pour décompresser, pas de respiration stylistique. Des flash-backs, des pensées, des songes, des mensonges et des colères se suivent à une vitesse effrénée et s'entrechoquent parfois jusqu'au malaise. Un style incroyablement vif et rythmé. Cependant, il arrive au lecteur de ressentir un mal des profondeurs vers le milieu du livre. Quelques longueurs parfois et une lassitude qui apparaît au détour de certaines pages.
Une galerie étonnante de personnages s'opposent et mélangent leurs histoires, échecs et petites névroses ! La narratrice d'abord - Michèle - une jolie quinqua divorcée patronne d'une boite de production. Puis sa mère - Irène - 75 ans qui projette de se fiancer à un homme beaucoup plus jeune. Son fils, sans réel boulot qui vit une histoire d'amour banalement compliquée. Son ex-mari - Richard - homme faible qui l'aime toujours. Sa meilleure amie - Anna - qui est aussi son associée. Son voisin - Patrick - marié mais pas indifférent aux charmes de la belle. Et enfin son père - qui purge une peine de prison à vie. Un bestiaire de déjantés et de paumés mais à leur manière tellement attachants.
Mais surtout, il y a une intrigue incroyable et vénéneuse dans laquelle le viol joue le difficile rôle de catalyseur, de fil conducteur. Il est là pour annoncer une série de grandes ruptures, de grands changements, de perte de repères dans la vie ordonnée de cette femme. Toutes ses certitudes vont s'effondrer page après page. Quoiqu'elle fasse, la destruction fait son oeuvre sur sa vie passée et sape son avenir. Elle se laisse alors aller à explorer son côté sombre jusqu'à un épilogue fracassant et délirant.... et une explication du titre.
J'en suis ressorti sonné, groggy, ne sachant plus si j'avais lu ou simplement rêvé cette histoire. Ouah ...