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Tout ce que je suis
Avis posté le 2013-05-13
- Inattendu
- XXe siècle
- Bouleversant
Tout ce que je suis
Partout dans le monde, à chaque fois qu'un homme, qu'un groupe, qu'une idéologie a pris le contrôle d'un état, d'un peuple, pour imposer des dogmes, priver une population de ses libertés ; des voix - parfois seulement quelques voix- ont tenté de se faire entendre pour éveiller les consciences,avec l'espoir d'empêcher un pays tout entier de se retrouver placer sous le joug de quelques despotes souvent proches de la folie. Ce fut le cas de certains Allemands qui ont, avec les maigres moyens dont ils disposaient, essayé d'alerter leurs compatriotes, mais aussi les pays voisins de la montée du nazisme et du danger que tout un peuple, toute une nation, tout un continent encourait.
À travers deux voix, celle de Ruth qui préfigure le présent et celle de Ernst Toller qui vient du passé, Anna Funder l'auteur de Tout ce que je suis, évoque de manière passionnante le destin de quatre jeunes berlinois engagés contre la montée du nazisme : celui de Ruth une jeune femme docteur es lettres, de sa cousine Dora une femme passionnée et jusqu'au-boutiste lorsqu'il s'agit de défendre ses opinions, de Ernst Toller le poète mondialement connu figure de proue du socialisme allemand, et de Hans un journaliste engagé qui n'hésite pas à commettre plusieurs pamphlets contre Hitler et consorts. Contraints de quitter l'Allemagne pour protéger leur vie, ces exilés n'auront de cesse de dénoncer, qu'ils soient en France, en Angleterre ou aux États-Unis les exactions commises par le pouvoir en place, quittent à mettre en péril leurs propres vies.
Le roman d'Anna Funder à la fois roman historique, d'amour, et d'espionnage est véritablement passionnant. Certes, la construction narrative particulière (une double narration, et donc des temps différents), et une intrigue qui prend son temps pour s'installer peuvent au prime abord dérouter le lecteur. Mais si ce dernier persiste, accepte que l'auteur distille lentement l'essence de la psychologie de ses personnages et les faits historiques auxquels ils vont assister, il est largement récompensé de sa patience. Tout ce que je suis est un livre important en ce qu'il relate un pan de l'histoire peu dévoilé : des Allemands se sont élevés contre la montée du nazisme, certains n'y ont pas survécu. Ce livre participe au devoir de mémoire, mais il évoque aussi de manière magistrale les sentiments qui animaient Dora, Ruth et leurs compagnons: la passion, l'engagement viscéral contre le nazisme, mais aussi l'amour, la trahison et la haine.
L'auteur décrit également avec un réalisme surprenant les conditions de vie de ses exilés forcés, leur sentiment de culpabilité permanente engendré par l'impression d'avoir abandonné leurs pays, leur angoisse pour ceux qui n'avaient pas pu ou pas voulu fuir l'Allemagne et leur volonté inextinguible de dénoncer ce qui allait bientôt bouleverser la face du monde.
Tout ce que je suis est un roman au dénouement bouleversant, un roman à découvrir ne serait-ce que pour ne jamais oublier...
Partout dans le monde, à chaque fois qu'un homme, qu'un groupe, qu'une idéologie a pris le contrôle d'un état, d'un peuple, pour imposer des dogmes, priver une population de ses libertés ; des voix - parfois seulement quelques voix- ont tenté de se faire entendre pour éveiller les consciences,avec l'espoir d'empêcher un pays tout entier de se retrouver placer sous le joug de quelques despotes souvent proches de la folie. Ce fut le cas de certains Allemands qui ont, avec les maigres moyens dont ils disposaient, essayé d'alerter leurs compatriotes, mais aussi les pays voisins de la montée du nazisme et du danger que tout un peuple, toute une nation, tout un continent encourait.
À travers deux voix, celle de Ruth qui préfigure le présent et celle de Ernst Toller qui vient du passé, Anna Funder l'auteur de Tout ce que je suis, évoque de manière passionnante le destin de quatre jeunes berlinois engagés contre la montée du nazisme : celui de Ruth une jeune femme docteur es lettres, de sa cousine Dora une femme passionnée et jusqu'au-boutiste lorsqu'il s'agit de défendre ses opinions, de Ernst Toller le poète mondialement connu figure de proue du socialisme allemand, et de Hans un journaliste engagé qui n'hésite pas à commettre plusieurs pamphlets contre Hitler et consorts. Contraints de quitter l'Allemagne pour protéger leur vie, ces exilés n'auront de cesse de dénoncer, qu'ils soient en France, en Angleterre ou aux États-Unis les exactions commises par le pouvoir en place, quittent à mettre en péril leurs propres vies.
Le roman d'Anna Funder à la fois roman historique, d'amour, et d'espionnage est véritablement passionnant. Certes, la construction narrative particulière (une double narration, et donc des temps différents), et une intrigue qui prend son temps pour s'installer peuvent au prime abord dérouter le lecteur. Mais si ce dernier persiste, accepte que l'auteur distille lentement l'essence de la psychologie de ses personnages et les faits historiques auxquels ils vont assister, il est largement récompensé de sa patience. Tout ce que je suis est un livre important en ce qu'il relate un pan de l'histoire peu dévoilé : des Allemands se sont élevés contre la montée du nazisme, certains n'y ont pas survécu. Ce livre participe au devoir de mémoire, mais il évoque aussi de manière magistrale les sentiments qui animaient Dora, Ruth et leurs compagnons: la passion, l'engagement viscéral contre le nazisme, mais aussi l'amour, la trahison et la haine.
L'auteur décrit également avec un réalisme surprenant les conditions de vie de ses exilés forcés, leur sentiment de culpabilité permanente engendré par l'impression d'avoir abandonné leurs pays, leur angoisse pour ceux qui n'avaient pas pu ou pas voulu fuir l'Allemagne et leur volonté inextinguible de dénoncer ce qui allait bientôt bouleverser la face du monde.
Tout ce que je suis est un roman au dénouement bouleversant, un roman à découvrir ne serait-ce que pour ne jamais oublier...

La Fortune de Sila
Avis posté le 2013-02-22
Une fresque sociale dans laquelle règne argent et lâcheté
Si l'on demandait aux lecteurs de La fortune de Sila de donner deux termes pour qualifier le quatrième opus de Fabrice Humbert, il est fort à parier que c'est deux mots seraient argent et lâcheté. C'est en effet autour de ces deux thèmes qui sont dans ce roman intrinsèquement liés, que Humbert déroule cette saisissante étude de notre société contemporaine gangrénée par l'ultracapitalisme.
La Fortune de Sila débute par une courte scène inaugurale, d'une simplicité presque banale, et c'est qui la rend aussi effrayante : dans la salle d'un restaurant huppé de la capitale française un jeune serveur immigré est violemment frappé par le père d'un enfant qui n'a pas accepté que le serveur raccompagne l'enfant à sa table afin que ce dernier ne perturbe pas le service. Plusieurs personnes sont spectateurs de cette scène, mais aucun ne va - chacun pour ses propres raisons, mais retenu par une attitude commune : la lâcheté - intervenir ou s'opposer. Et de ces spectateurs involontaires , Humbert va faire les protagonistes de son roman, de cette fresque sur notre monde en pleine déliquescence.
Si la lecture de ce roman peut parfois être ardue, exigeante, elle n'en demeure pas moins particulièrement intéressante. La plume didactique, sans jamais être professorale .. La suite sur WWW.meellylit.com
Si l'on demandait aux lecteurs de La fortune de Sila de donner deux termes pour qualifier le quatrième opus de Fabrice Humbert, il est fort à parier que c'est deux mots seraient argent et lâcheté. C'est en effet autour de ces deux thèmes qui sont dans ce roman intrinsèquement liés, que Humbert déroule cette saisissante étude de notre société contemporaine gangrénée par l'ultracapitalisme.
La Fortune de Sila débute par une courte scène inaugurale, d'une simplicité presque banale, et c'est qui la rend aussi effrayante : dans la salle d'un restaurant huppé de la capitale française un jeune serveur immigré est violemment frappé par le père d'un enfant qui n'a pas accepté que le serveur raccompagne l'enfant à sa table afin que ce dernier ne perturbe pas le service. Plusieurs personnes sont spectateurs de cette scène, mais aucun ne va - chacun pour ses propres raisons, mais retenu par une attitude commune : la lâcheté - intervenir ou s'opposer. Et de ces spectateurs involontaires , Humbert va faire les protagonistes de son roman, de cette fresque sur notre monde en pleine déliquescence.
Si la lecture de ce roman peut parfois être ardue, exigeante, elle n'en demeure pas moins particulièrement intéressante. La plume didactique, sans jamais être professorale .. La suite sur WWW.meellylit.com