christophe

Tout au long de ce court récit au style impeccable l’auteur traite du thème de l’émigration. Confrontant l’ordre nouveau avec l’ordre ancien, il est question d’assimilation, de décadence voir d’extinction des valeurs traditionnelles d’une civilisation ou d’un clan. Au cours d’un parallèle entre le 7ème art et l’actualité, l’auteur souligne l’importance du compromis nécessaire entre l’establishment local et la marche de l’histoire. Ce texte met en lumière des préoccupations très actuelles ou l’auteur joue sur le terme de Lampedusa qui passe d’un personnage héroïque à une ile théâtre d’événements discutables.

« D’après une histoire vraie » est un roman « autobiographique » et psychologique plein de faux-semblants d’une écrivaine qu’on soupçonne être l’auteur. Au cours d’une trame bien ficelé celle-ci nous raconte l’influence qu’exerce une femme « parfaite » sur la victime narratrice au cours d’un huit clôt complice et exclusif. Inspiré de « Misery » de Stephen King, et à l’aide d’un dosage complexe entre emprise et complicité féminine, l’auteur nous raconte comment peu a peu le coucou tente de faire son nid. Roman a la chute vertigineuse ou nos certitude acquises jusqu’alors se désagrègent, s’approchant ainsi d’un « Usual Suspect » déjà culte, l’auteur nous amène a réfléchir sur les concepts de réalité et d’imaginaire, de vrai et de faux, de normal et de pathologique, d’identité et de transmission. Roman troublant et paradoxale, l’auteur s’amuse au cours de cette œuvre de littéréalité « ? » à insuffler le doute sur sa condition d’ « arnaqueuse littéraire ».

« Corps désirable » est un roman s’approchant d’un écrit d’anticipation mais différent de ce genre par son intégration d’une trame à l’actualité-fiction très contemporaine. Au cours de sa narration l’auteur nous interroge sur la notion de progrès et d’immortalité avec en toile de fond les errements d’un lanceur d’alerte devenu chimère biologique. Au fil des lignes, le livre déroule un texte soigné et fluide qui nous accroche. A travers sa métamorphose, nous rappelant parfois Kafka, le héros nous fait réfléchir sur le lien du cérébral et du corporel, sur l’assimilation et le rejet, le tout étant agrémenté d’un soupçon de polar. A travers sa fable prométhéenne réussie, l’auteur nous transporte dans une fiction où l’identité et l’hérédité sont prépondérantes, révélant ainsi un élément de la palette infinie des variations sur ces thèmes, toujours autant d’actualité et toujours aussi captivants.

« Les bannis » est le roman d’une saga familiale présentée sous forme de tranches de vie. Récit d’une résistance face à la cruauté du destin, l’auteur souligne la diversité des réactions des membres de sa famille, certains luttent, d’autres se résignent, d’autres encore fuient. Durant sa narration l’auteur distille une douleur pudique emprunte de courage et d’optimisme. En mots simple il éveille en nous des sentiments bienveillants envers ces générations parfois éteintes au charme désuet et authentique. Aussi on se prend d’affection pour cette communauté d’exclus héroïques aux idéaux aujourd’hui obsolètes, et dont le sort est marqué par une fatalité oppressante et quelquefois injuste. Aussi « les bannis » est un texte Christique sur la transmission et sur la mémoire familiale dont l’universalité amène au sacré de la mémoire collective. Livre solaire sublimant la noirceur de ces vies suffocantes, où c’est finalement la détermination et la sincérité qui l’emporte sur l’adversité.

Ouvrage décrivant un mode de vie libertaire. L'auteur y fait l'apologie du wanderer qui est un vagabond romantique. Porté par un humanisme désenchanté réaliste et par une mélancolie imaginative ce troubadour des temps moderne pratique le free bivouac et dévore l'horizon comme seules thérapies. Poête nomade du monde finit il découvre par son déplacement de nouvelles terras incognitas. Ode à la liberté par une fuite esthétique du monde ce misanthrope paradoxale s'absoud de l'ordre établis grace à ses livres et à sa faculté de survie. Sylvain tesson retranscrit dans cet ouvrage ses expériences de wanderer. Expérience qui nous inciterait si nous avions le courage de tout plaquer à prendre la route et a devenir un de ces voyant observateur.