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Depuis la défaite de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, Istanbul et une partie de l'Anatolie sont occupés par les Alliés. Les Grecs, débarqués à Izmir le 15 mai 1919, progressent vers le centre de la Turquie. Les Turcs, menés par Mustafa Kemal Atatürk, s'organisent pour créer une armée nationale. En 1921, Ahmet Celâl, Istanbuliote démobilisé suite à ses blessures, se retire dans un village anatolien.
Le jeune officier place ses espoirs dans le mouvement de la résistance de Mustafa Kemal, laïque et moderne. Mais dans ce coin reculé, ses idéaux ne rencontrent aucun écho. Il se heurte à l'incompréhension des paysans, dont les priorités sont ailleurs. Celâl tente d'éveiller la communauté aux enjeux de la guerre, en vain, elle est comme "pétrifiée à un point fixe de l'histoire" . L'intellectuel remplit au jour le jour son journal de ses observations et désillusions.
Jusqu'au bout, il restera "yaban" , étranger. Publié en 1932, l'ouvrage a également été traduit en allemand et en italien. "Yaban" est le chef-d'oeuvre le plus lu de la littérature Turque.
Un classique !
Ahmet Celâl est un soldat turc ayant servi lors de la guerre d'indépendance. Il est cependant démobilisé à cause de la perte de son bras et va s'exiler dans un village anatolien reculé. Là-bas il se confrontera avec tout ce qui se trouve aux antipodes de ses valeurs : l'indifférence face à la situation politique, la barbarie, la bêtise.
Il tentera tant bien que mal de s'adapter à ces nouvelles coutumes mais restera "étranger". Jusqu'à ce que la guerre le rattrape.
Yaban est indéniablement un classique de la littérature turque comme internationale, à lire pour tous les amoureux de romans. Il sait traiter avec simplicité de thèmes majeurs du XXè siècle tout en abordant des questions propres à la situation turque. Ainsi, même en tant que néophyte de l'histoire de la guerre gréco-turque, il ne m'a pas été difficile de comprendre le contexte. Parce que le cœur de l'histoire ce n'est pas la guerre en Turquie, mais l'incommunicabilité qui règne entre Ahmet Celâl et ses voisins anatoliens. Cette impossibilité à s'adapter les uns aux autres qui les mènera inéluctablement vers leur perte, car aucun d'entre eux n'avait raison ou tort.