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Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre. C'est bien triste. Cette année, on n'ira pas faire les soldes ensemble. Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. [.] J'ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m'a porté à bout de bras, toujours avec le sourire. C'était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste.
On était complémentaires, j'avais les défauts, elle avait les qualités. [.] Elle n'aimait pas parler d'elle, encore moins qu'on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu'elle est partie. J.-L. FSylvie est partie la première. [.] Dans ce livre qui lui rend hommage, Jean-Louis Fournier lui dit - comme à son habitude, avec tendresse et retenue, et avec la dérision dont il sait faire preuve en toute circonstance - des choses si belles qu'elles devraient lui donner envie de revenir.
C'était elle sur la photo
Elle est belle cette photo même si les photos lui importent peu à Jean-Louis Fournier. Il est pudique et essaie qu'autour de lui ça ne s'assombrisse pas trop, les choses, l'atmosphère depuis qu'elle est morte soudainement sa compagne et complice de tous les jours pendant des années. En citant Voltaire, il donne le ton : "Il est poli d'être gai". Difficile de vivre avec nos morts, ils sont partout alors que les vivants ne sont que dans un lieu. Il habitent les jardins, les maisons qu'ils façonnent, habitent de leur caractère le temps. Avec Jean-Louis Fournier, même la pire des choses doit subir son caractère alors on sourit encore un peu à ce coup du sort mais un peu cette fois ci, moins même si Madame SFR est dans le déni et insiste. Être veuf c'est former un étrange puzzle avec d'autres veufs et vivre des petits gestes de ceux qui l'ont aimé ou aimaient sa façon de partager. C'était un bon couple. "Ce n'était pas toujours bien, c'était mieux". Perdre le contraire de soi, c'est un peu perdre l'essentiel...