Un guitariste de blues presque clochard, sale et imbibé d’alcool, erre de bar en bar au gré de maigres cachets. Seule la musique le tient encore debout, lui qui a perdu l’envie depuis qu’Alicia, sa compagne à la ville comme à la scène pendant quinze ans, l’a quitté en lui brisant le coeur. Mais voilà qu’une affiche annonce un prochain concert : de cette femme justement, désormais riche et célèbre…
La désespérance la plus noire emplit cette histoire de dérive vagabonde, où la musique constitue la dernière et fragile amarre qui retient un homme à la lisière de la
folie. Anéanti par la fin d’un amour qui résonne douloureusement en écho à ce qui semble une carence parentale, mais aussi peut-être comme une fuite sur la route du succès musical, cet homme écorché et sans nom, qui ne semble plus se nourrir que de bière et de la fumée de ses cigarettes, met tout ce qui subsiste de ses rêves et de son âme dans les notes qu’il extirpe de ses tripes et de sa guitare. Dans l’indifférence générale, il ne lui restera bientôt plus qu’un acte insensé et suicidaire pour attirer l’attention, faute de mieux.
La plume que j’ai tant admirée dans les romans ultérieurs de Franck Bouysse est bien là : magnifique, poétique, travaillée… Peut-être un peu trop, comme encombrée d’une recherche excessive, forcée dans des effets qui manquent parfois de naturel et finissent par se perdre dans un certain hermétisme. Tantôt éblouie, tantôt désarçonnée, je me suis sentie davantage impressionnée que charmée par ce texte, qui parvient en si peu de pages à vous noyer dans un puits noir et sans fond : celui du désespoir d’un homme trahi au plus profond de lui-même, par on ne sait plus si c’est une femme devenue musique ou une musique devenue femme.
C’est donc plus admirative que totalement séduite que je referme ce bref roman d’une étrange et poétique beauté, qui m’a laissé la sensation d’une nage en eau noire, à la surface d’abysses absorbant toute lumière.
Etrange et poétique
Un guitariste de blues presque clochard, sale et imbibé d’alcool, erre de bar en bar au gré de maigres cachets. Seule la musique le tient encore debout, lui qui a perdu l’envie depuis qu’Alicia, sa compagne à la ville comme à la scène pendant quinze ans, l’a quitté en lui brisant le coeur. Mais voilà qu’une affiche annonce un prochain concert : de cette femme justement, désormais riche et célèbre…
La désespérance la plus noire emplit cette histoire de dérive vagabonde, où la musique constitue la dernière et fragile amarre qui retient un homme à la lisière de la folie. Anéanti par la fin d’un amour qui résonne douloureusement en écho à ce qui semble une carence parentale, mais aussi peut-être comme une fuite sur la route du succès musical, cet homme écorché et sans nom, qui ne semble plus se nourrir que de bière et de la fumée de ses cigarettes, met tout ce qui subsiste de ses rêves et de son âme dans les notes qu’il extirpe de ses tripes et de sa guitare. Dans l’indifférence générale, il ne lui restera bientôt plus qu’un acte insensé et suicidaire pour attirer l’attention, faute de mieux.
La plume que j’ai tant admirée dans les romans ultérieurs de Franck Bouysse est bien là : magnifique, poétique, travaillée… Peut-être un peu trop, comme encombrée d’une recherche excessive, forcée dans des effets qui manquent parfois de naturel et finissent par se perdre dans un certain hermétisme. Tantôt éblouie, tantôt désarçonnée, je me suis sentie davantage impressionnée que charmée par ce texte, qui parvient en si peu de pages à vous noyer dans un puits noir et sans fond : celui du désespoir d’un homme trahi au plus profond de lui-même, par on ne sait plus si c’est une femme devenue musique ou une musique devenue femme.
C’est donc plus admirative que totalement séduite que je referme ce bref roman d’une étrange et poétique beauté, qui m’a laissé la sensation d’une nage en eau noire, à la surface d’abysses absorbant toute lumière.