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L'idée de ce livre est née alors que les débats sur la parité hommes/femmes en politique commençaient à apparaître dans les médias, en France, alors qu'en Angleterre la question se posait de savoir si les écoles musulmanes devaient être aidées financièrement par les municipalités bien que ne respectant pas le principe d'égalité des chances entre garçons et filles, alors que les politiques de "discrimination positive" étaient remises en question dans certains Etats des Etats-Unis d'Amérique, et simultanément mises en place en faveur de la majorité noire de sa population, par le nouvel Etat d'Afrique du Sud.
Dans les débats français sur la citoyenneté, les sociétés "anglo-saxonnes" servent souvent de contre-modèle permettant aux uns et aux autres de se rassurer et de réaffirmer collectivement la supériorité du modèle républicain français. Le modèle "anglo-saxon" obéirait aux règles d'un "communautarisme" obscurantiste, alors que la société française obéirait à celle d'un "universalisme" éclairé. Les sociétés "anglo-saxonnes" ne seraient que des agrégats de communautés dont chacune obéirait à des lois particulières et ou l'idée de "communauté nationale" serait quasi absente.
Souvent agacés par ces représentations, les auteurs de cet ouvrage, anglicistes travaillant au sein du CESCIB (Centre d'étude sur le Commonwealth et les Iles britanniques) à l'université de Paris VIII, se sont donné pour tâche d'essayer de comprendre et de faire comprendre à un public français, comment, dans le pays sur lequel ils travaillent, le Royaume-Uni, étaient vécues et résolues — ou non — les tensions entre, d'une part, les droits universels des citoyens en tant qu'individus et d'autre part, les droits des individus en tant que membres de groupes spécifiques, produits des rapports sociaux et de leur histoire.
La période couverte est celle des dix-neuvième et vingtième siècles, c'est-à-dire celle de la consolidation de leurs droits civils et de l'acquisition de droits politiques et sociaux, par les hommes, puis par les femmes britanniques. Elle débute à l'aube du dix-neuvième siècle, période qui voit l'intensification de l'industrialisation, commencée à la fin du siècle précédent en même temps que se constitue une identité ouvrière, fondée sur une conscience collective qui, relayée par de puissants syndicats et des associations de toutes sortes, sera le moteur des revendications de cette classe.
Ces associations font l'objet de deux premiers chapitres du présent ouvrage qui truite ensuite des revendications des juifs d'Angleterre, des catholiques d'Irlande du Nord, puis de l'opposition au droit de vote des femmes au début du vingtième siècle. L'ouvrage se termine sur un chapitre concernant les politiques récentes de "discrimination positive" en faveur d'individus originaires des pays de l'ancien Empire, de leurs enfants, ou même de leurs petits-enfants.