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"Le conservateur me parut ému. Je me sentais rougir. "Il doit y voir, pensais-je, une loi contre les taches d'encre, un décret, un règlement, quelque chose qui protège l'incunable. Et la sanction doit être terrible, puisque ce sont des savants qui l'ont faite : l'expulsion sans doute, en outre de l'amende, une amende énorme. Ils sont en train de me dévaliser là-bas. Ce cahier qu'ils compulsent est évidemment le catalogue de la vente où ce trésor fut acheté.
Je vais rembourser l'incunable. Ô mon oncle Mouillard" [...] - C'est vous, monsieur, qui avez taché l'in-folio ? - Oui, monsieur. - Vous ne l'avez pas fait avec intention ? - Certes non, monsieur, je regrette beaucoup l'accident. - Vous avez raison. Le volume est des plus rares et la tache aussi, d'ailleurs : on ne tache pas de cette façon-là ! J'allais répondre : "On tache comme on peut" ; mais je me contins.
[...] - Est-ce tout ? demandai-je. - Oui, monsieur, tout pour le moment. Mais je vous préviens que M Charnot est fort mécontent. Il serait à propos de lui faire des excuses. - M. Charnot ? - C'est le membre de l'Institut qui lisait l'incunable. [...] Il faut faire des excuses. Voyons, que lui dirais-je à le Charcot ? En réalité, c'est à l'incunable que je devrais des excuses. Je n'ai pas taché M. Charcot ; faux-col et manchettes, il est immaculé ; le pâté, les éclaboussures, tout a été pour l'incunable.
Je lui dirai : "Monsieur, je regrette vivement de vous avoir si malheureusement troublé dans vos savantes recherches." "Savantes recherches" le flattera. Ce sen un puissant lénitif."